Les contenus audiovisuels ont une influence sur l’apprentissage et le développement des enfants. Le phénomène prend de l’ampleur depuis une dizaine d’années avec la disponibilité des appareils, mais le phénomène existe depuis longtemps au Québec. L’évolution constante des outils technologiques simplifie l’accès à des contenus audiovisuels.
Par Laurie Fournier (texte) et Laurie Pharand (vidéo) | Arts, lettres et communication
Les enfants âgées de 2 à 12 ans regardent davantage des films et des séries télévisées qui sont des contenus audiovisuels. Il n’est pas recommandé pour les enfants de moins de deux ans de passer du temps devant des écrans.
Les enfants de trois à cinq ans passent environ deux heures par jour devant un écran selon une étude de Jeunes en forme Canada en 2014.
Seulement 15 % respectent les normes actuelles des directives canadiennes qui recommandent une limite de moins d’une heure par jour selon un constat de la Société canadienne de pédiatrie en 2017.
UNE CRAINTE TOUJOURS PRÉSENTE
L’avènement des technologies nouvelles ont toujours suscité un sentiment de réserve. «Quand la télévision est arrivée, il y a eu tout un discours contre la télévision que ça détissait les jeunes et que ça les rendaient plus violents. Ce genre de chose n’a jamais été prouvé. Certains individus vont être plus fragiles que d’autres et réagir plus fortement à certaines technologies», explique Pierre Barrette, enseignant et chercheur dans le domaine de la télévision à L’UQAM.
Il n’y a pas d’âge précis pour qu’un enfant commence à bien comprendre les contenus audiovisuels. «Je pense que c’est à partir de l’âge où l’enfant est capable de comprendre ce qui se passe comme histoire, par exemple dans une émission de télévision, je pense que c’est à ce moment-là automatiquement où ça commence à s’imprégner dans son champ de la conscience», explique Valérie Noël, enseignante de psychologie au Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne.
LA SURVEILLANCE PARENTALE IMPORTANTE
Les enfants ont accès à des centaines de plateformes à partir de plusieurs outils technologies comme les tablettes électroniques, les ordinateurs et les téléphones cellulaires. Netflix, YouTube et Amazon sont des plateformes populaires. Les enfants ont un accès de plus en plus jeune à des films et des émissions de télévision avec toutes ces technologies.
Les films sont d’avantages produits pour leurs divertissements que pour leurs apprentissages. «Aujourd’hui, je trouve qu’il y a beaucoup moins de films ou d’émissions qui apprennent plus comme Passe-Partout. Les parents vont aussi leurs faire plus écouter des choses d’adultes que d’enfants comme Dora et Caillou», remarque Julie Desormeaux, éducatrice de l’enfance au Centre De La Petite Enfance Multi-Gardes La Petite Ferme.
Les parents doivent donc surveiller ce que leurs enfants regardent beaucoup plus que par exemple dans les années 1980. Il y a un juste milieu pour la surveillance et Pierre Barrette l’explique qu’il y a «des enfants et [qu’il] contrôle leurs consommations, mais [il] ne devient pas fou avec cela.»
CONTENUS AUDIOVISUELS ÉDUCATIFS
Il y a plusieurs conséquences positives de la prédominance des outils technologiques chez les jeunes enfants. Les enfants peuvent avoir accès à des contenus audiovisuels
éducatifs présentés sur les chaînes de télévision comme Yoopa, Télé-Québec, Télétoon, Disney la chaine et TFO.
Il n’y a pas seulement des films ou des émissions de télévision. On peut aussi retrouver des applications éducatives pour les téléphones intelligents, les ordinateurs et les tablettes électroniques que l’on peut retrouver sur Android, App Store et Google. YouTube Kids est un exemple d’application où les enfants peuvent regarder toute sorte de contenus audiovisuels, mais il n’est pas disponible pour l’instant au Québec.
L’enseignante en psychologie explique que «par exemple si on veut apprendre à un enfant à écouter une langue secondaire, [on] active son art du langage au moment où il traite l’information donc cela peut être bénéfique pour ça. Tout est dans le dosage des choses.»
Avec les contenus audiovisuels éducatifs, «ce qui est positif est que plus ils sont jeunes plus ils apprennent le chiffre et les couleurs vite», ajoute Julie Desormeaux.
Les films et les émissions de télévision peuvent faire découvrir le monde. Ils peuvent aussi faire passer du temps en famille et être un bon divertissement pour les enfants de deux ans et plus dans le temps suggéré pour chaque âge.
UNE EXPOSITION ENVAHISSANTE
Il y a aussi plusieurs conséquences négatives de la prédominance des outils technologiques chez les jeunes enfants lorsqu’ils sont surexposés aux contenus audiovisuels.
Selon Julie Desormeaux, «ils savent bien des choses qu’ils ne devraient pas savoir quand ils sont jeunes. Avec internet, ils sont plus évolués qu’ils ne devraient l’être.» Elle trouve que leurs façons de jouer ont changés, surtout pour les garçons et qu’ils sont plus agressifs après le visionnement d’un film de super-héros par exemple.
«Pour les côtés négatifs, cela est dans l’excès et dans les parents qui ne surveillent pas. Aussi la dépendance qu’il peut y avoir avec les outils technologiques», explique Valérie Noël.
Catherine Laroche, spécialiste en dépendance, a déjà traité un cas accroc aux contenus audiovisuels. «J’ai déjà eu un cas qui s’isolait par rapport aux télés-séries. C’était un jeune garçon qui parlait de s’évader dans une série en particulier. Il se voyait dans le personnage et il vivait à travers de ce personnage-là», dit-elle.
Le temps passé devant des écrans avant l’heure du coucher est également associé à une augmentation des troubles du sommeil, selon Société canadienne de pédiatrie 2017. Lorsqu’un enfant regarde des contenus audiovisuels dans l’excès, il n’est plus actif ce qui peut aussi entraîner un surpoids.
Mylène Viel est maman d’un garçon de 12 ans. Elle dit que son enfant peut regarder plusieurs heures la télévision par jour et remarque certains effets négatifs à regarder trop souvent des contenus audiovisuels. «Lorsqu’il écoute la télévision, il ne bouge pas et je trouve que cela le rend inactif. […] Le plus négatif que je peux voir est que sa vie sociale est très limitée et il n’a pas beaucoup d’amis, parce qu’il est plus concentré sur ses jeux vidéos et sur la télévision», explique-t-elle.
«Je travaille depuis 19 ans et depuis 2 ans environ je remarqué que les enfants portent plus de lunettes. Avant, ça n’arrivait presque jamais des enfants en bas de cinq ans qui portent des lunettes», dit l’éducatrice de l’enfance.
«Probablement que cela va empirer dans le futur. Ça va aussi empirer au niveau matériel. Mais s’il va avoir plus de cas lourds [de dépendance], je ne sais pas», selon Catherine Laroche.
L’évolution de la technologie
L’évolution de la technologie et des contenus audiovisuels continu au cours des années. Il y a l’évolution du cellulaire, de l’ordinateur portable ou non, de la tablette électronique, etc. Il y a aussi des centaines de plateformes que tous ont accès comme Netflix et YouTube.
Le professeur Pierre Barrette, enseignant et chercheur en télévision à l’UQAM, aborde en détail cette prédominance des outils technologie. «Si l’on pense aux contenus audiovisuels de type télévision ou de cinéma, c’est sûr que la technologie change beaucoup de chose. Quand on observe ce qui se passe depuis une vingtaine d’années, ce que la technologie change est notre rapport de consommation aux contenus audiovisuels.», explique-t-il.
Les contenus audiovisuels plus traditionnels sont les films et les séries de télévision. La consommation des audios visuels avant est bien différente d’aujourd’hui. Pierre Barrette explique que «pour voir des films, il fallait aller dans un cinéma et il fallait se déplacer. Pour voir une émission de télévision, il fallait être au rendez-vous devant le poste de télévision au moment où ça passe.» Il y avait peu de contenus audiovisuels et de possibilité pour les consommer.
La technologie a permis de changer un nombre de chose à partir de 1980 avec l’enregistreur VHS. Ensuite, il y a eu l’arriver du numérique « qui ajoute une autre couche de transformation à notre rapport aux contenus audiovisuels, puisqu’on est complètement libre de regarder ses contenus quand on le veut et il n’y a plus vraiment de rendez-vous donc on peut le regarder où l’on veut. On peut même parfois regarder des émissions qui n’ont pas encore été diffusées chez soi», ajoute le professeur à l’UQAM.
Il y a des canaux, des portails, des chaines, des sites qui donnent un accès aux contenus. YouTube est un excellent exemple de contenant. «C’est à dire que sur YouTube, tu peux avoir toute sorte de choses.», dit M. Barrette. Il y a des films et des vidéos faites par des individus. On peut aussi louer des films.
«Je pense que tous les outils technologiques, j’inclus là dedans l’écriture et le livre, permet de diffuser le savoir. Aujourd’hui, c’est la même chose avec nos outils technologiques. Quand il y a une nouvelle technologie qui apparaît, nécessairement, il y a des peurs et des craintes. Quand les premiers romans ont été écrits, il y avait le même genre de crainte», explique-t-il.
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