Un récit peut captiver en un instant. Il donne l’impression de tenir entre vos mains un objet précieux qui laisse le sentiment d’avoir fait une nouvelle rencontre. Shuni, écrit par Naomi Fontaine, se lit d’une traite. Il évoque, aux fils des pages, un peuple, des traditions et des drames avec respect et amour.
Par Camille Bilodeau | Arts, lettres et communication
Au cours de cette longue et lumineuse lettre adressée à son amie Julie (Shuni), une jeune femme québécoise revenant dans le village, Naomi Fontaine lui partage ce qui lui manque de sa communauté et lui fait comprendre la réalité innue.
Cette lettre, parfois entrecoupée par d’autres, explique à Shuni sa culture, sa manière de penser et la façon de vivre du peuple autochtone avec des mots simples et forts. L’auteur revisite sa propre histoire par le biais d’anecdotes.
RÉCIT PERSONNEL MILITANT
Bien plus qu’un roman, ce texte est un récit personnel militant pour la cause amérindienne au Québec. L’intégration de lettres adressées à son fils Marcorel, «petit-ours», ajoute une touche de sensibilité et de réalisme. L’histoire est si bien racontée qu’il est facile de s’y attacher.
L’auteur raconte les souffrances à travers les expériences de sa famille et de ses propres confrontations aux préjugés. Léger, doux, jamais agressant. L’histoire est un casse-tête se construisant lentement pour donner un réel portrait de la réalité innue. L’histoire est un cri. Il vient de loin et il s’exprime avec tant de retenue qu’il résonne de manière puissante.
RÉALITÉ INNUE
La réalité innue est bien exploitée dans ce livre. La mise en contexte au début du livre, celle de la nouvelle clôture érigée par le gouvernement canadien, aide à comprendre la relation entre eux à l’époque.
Naomi Fontaine, elle-même née dans une communauté près de Sept-Îles, a su bien intégrer sa propre histoire. Une lecture à la fois émouvante et instructive.
Ô Courant 