Questions-réponses avec un policier d’expérience

Policier depuis 28 ans au poste 27 dans Ahuntsic Cartierville à Montréal, François Desrochers nous révèle les dessous du métier.
Par Laurence Desrochers | Arts, lettres et communication

Pourquoi avez-vous choisi ce métier? Qu’est-ce qui vous passionne?

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour l’uniforme des policiers et le fait d’aider les gens m’attirait. Ce qui me passionne, c’est le côté humain du travail et le sentiment de pouvoir faire la différence pour aider les gens, souvent dans des interventions banales. On a un impact dans la vie des gens et c’est ça qui est valorisant et satisfaisant.

Quelle est l’intervention dont vous êtes le plus fier?

Pas plus tard que la semaine passée, je suis allé à l’épicerie juste à côté pour consulter les caméras de surveillance. La dame au comptoir de courtoisie, je l’avais rencontrée il y a presque 19-20 ans. C’était à mon arrivée au poste de quartier 27 et elle me disait qu’elle se souvenait de moi puisque j’étais intervenu lorsque sa fille avait fait une fugue. À ce moment-là, ma fille avait à peu près le même âge, donc, ça m’avait marqué. La dame avait un problème avec sa fille qui était en crise d’adolescence, elle manquait l’école, avait des mauvaises fréquentations et là, elle venait de refaire une fugue. Elle me remerciait beaucoup parce qu’on l’avait aidé, on avait fait des recherches et je l’avais référé à des ressources extérieures qui l’ont aidé à faire un suivi à plus long terme. Je lui ai demandé comment allait sa fille et elle m’a répondu que c’était probablement juste une mauvaise passe, maintenant elle est infirmière dans sa trentaine. Ce sont des choses comme ça que j’apprécie et qui concrétisent vraiment à mes yeux l’impact que je peux avoir sur les gens.

Quels comportements vous dérangent le plus lors de certaines interventions?

Je dirais qu’en tant que policier on est souvent appelé à intervenir dans des interventions tendues, à risque. C’est sûr que le comportement des gens va un petit peu avec. Ce qu’on voit de plus en plus ce sont des gens souffrant de problèmes de santé mentale, donc ça amène des comportements très imprévisibles à un haut taux de risque; souvent des gens déconnectés de la réalité qui peuvent passer d’un extrême à l’autre en une fraction de seconde; c’est le genre de comportement où il faut être prêt.

Est-ce que vous pensez qu’il pourrait être nécessaire d’avoir des équipes de travailleurs sociaux qui se joignent aux policiers pour favoriser ou faciliter certaines interventions?

Absolument, c’est très nécessaire et ça existe déjà depuis plusieurs années, ici à Montréal. On a EMRII, c’est une équipe mobile en situation d’itinérance. On le sait qu’à Montréal il y a beaucoup de problèmes d’itinérance donc c’est une équipe mixte avec un travailleur social qui va intervenir auprès des itinérants pour leur offrir l’aide et le support nécessair à long terme pour essayer de les aider le plus possible de sortir de la rue. Ça, c’est un exemple d’équipe avec des intervenants extérieurs qui existe et qui fait un très bon travail.

Texte produit dans le cours Métiers de la communication dans le programme Arts, lettres et communication, option Médias.

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