Le 2 février dernier, c’est le sourire aux lèvres que le premier ministre François Legault s’est présenté aux Québécois pour leur annoncer une grande nouvelle: les étudiants des cégeps et des universités pourront retourner sur les bancs d’école au moins une fois par semaine. Depuis cette sortie, l’illusion de cette promesse laisse de plus en plus place à la réalité.
Par Étienne Ouellet, président de l’Association Étudiante
Le «retour partiel en présentiel» ne serait-il qu’un mirage? Près d’un mois s’est écoulé depuis qu’il a été annoncé et tout semble laisser croire que oui. Cet état de fait ne peut être gardé dans le silence: quoique temporaire dans ses conséquences et banal aux yeux de certains, ce faux pas est une déception de plus pour une population étudiante déjà à bout de souffle.

LE DÉPÈCEMENT D’UNE PROMESSE
Le déraillement de ce retour en classe semblait pourtant annoncé: dans un réseau collégial et universitaire administré d’abord au niveau local ou régional, les retombées de l’annonce étaient destinées à varier. En ce sens, lorsque Danielle McCann, à la barre du ministère de l’Enseignement supérieur, a précisé qu’il incomberait aux directions d’établissements d’organiser ce changement, les mots du premier ministre commençaient déjà à pâlir.
Le silence des administrations a été long (et se fait encore entendre) dans les corridors et sur les plateformes numériques des collèges de la province, interrompu parfois par des messages prudents énonçant la volonté de tous d’effectuer un retour en classe. Il est toutefois devenu évident que les établissements n’ont pas la capacité de changer les horaires et d’accueillir davantage d’étudiants entre leurs murs en respectant les consignes sanitaires.
UNE QUESTION DE RESPECT
Que s’est-il passé dans les instances du gouvernement pour que les obstacles au retour en présentiel soient ainsi ignorés? Les plus cyniques y verront une quête de gain politique. En effet, l’annonce de bonnes nouvelles est une bonne manière pour le chef de la CAQ de rester dans les bonnes grâces de la population.
Il n’est pas déraisonnable de penser, au contraire, que celui-ci était persuadé de réellement désembourber une condition étudiante fragilisée. Malgré cela, une faiblesse dans la chaîne des communications et des décisions de son gouvernement a été mise en lumière: pour respecter les étudiants et plusieurs autres groupes de citoyens touchés par la pandémie, la prudence sera de mise dorénavant!