Une communauté resplendissante dans l’ombre

Compte rendu rédigé par Meggy Quevillon*

Shuni, le dernier roman de Naomi Fontaine, révèle une longue lettre destinée à l’attention de Julie, une amie d’enfance. Au fil du récit, le lecteur découvre la définition marquante du titre et, à travers les yeux de la narratrice, on voit le parcours parsemé d’embûches et d’évènements tout autant touchants que choquants par lequel a dû passer la communauté autochtone de l’écrivaine.

En effet, dans cette correspondance à sens unique, on voit la beauté de la communauté innue à travers le regard et le vécu de l’auteure. Elle confirme l’inverse des préjugés et des stéréotypes qu’on porte à la communauté innue depuis trop longtemps.

Il est beau de faire comprendre la vie, différente et complexe, de ces gens en écrivant à quelqu’un qui a un regard complètement extérieur à cette réalité. Le fait que cette œuvre soit épistolaire pour faire comprendre qui sont réellement les Innus rend celle-ci tout aussi originale qu’incontournable. L’emploi de certains termes de la langue innu-aimun et d’autres de la langue française indique la distinction entre les deux peuples.

De surcroît, le vocabulaire employé par l’écrivaine pour divulguer l’information qu’elle souhaite transmettre fait que le contenu est splendide et enrichissant. On ressent la sincérité de son parcours grâce aux mots simples qu’elle manie avec perfection.

Ce récit est magnifique et mérite d’être lu par tous. L’auteure fait réaliser, à plusieurs moments dans le livre, que l’impact du jugement des autres par leurs regards, leurs tons de voix et leurs commentaires fait mal aux autochtones. Cela est totalement gratuit et incompréhensible, d’autant plus lorsqu’on remarque que les autochtones eux-mêmes ne se donnent pas le droit de juger. De rien. De personne. Jamais.

Cette œuvre mérite amplement d’être reconnue et comme le dit si bien Naomi Fontaine, « c’est l’amour qui changera le monde. Entre nous et vous. Entre toi et moi. » L’amour réconciliera le peuple québécois et les peuples autochtones.  Les écrits touchants de la jeune écrivaine dans Shuni rejoignent les sentiments du lecteur et ce dernier vient à ressentir ce que cette communauté vit depuis des lustres et c’est ce qui rend cette œuvre fabuleuse. Le troisième roman de Naomi Fontaine est un succès indéniable.

* Depuis trois ans, le cours du Prix littéraire des collégiens, qui tient lieu de quatrième cours de littérature obligatoire, est proposé aux étudiants du Cégep à Terrebonne à la session d’hiver. Les étudiants qui y sont inscrits s’engagent à lire les cinq romans en lice pour le Prix, à les analyser et à ultimement en débattre afin de choisir l’oeuvre la plus méritoire. Malgré la situation exceptionnelle liée à la Covid-19, les discussions ont bel et bien eu lieu et les 29 étudiants du cours ont pu poursuivre leur rôle au sein du jury. Ce compte rendu a été rédigé pour ce cours.

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