Un roman d’intrigue… ou pas?

Compte rendu écrit par Alex-Ann Brodeur*

Dans Suzanne Travolta, la Suzanne du titre ne fait que raconter sa vie et Bob espionne Suzanne avec son coéquipier Mike. Le roman, bien qu’il soit raconté par ces derniers et par Suzanne, porte pourtant sur Marie-Josée, la voisine de Suzanne. Marie-Josée s’est suicidée et personne ne comprend son geste. Au fil du roman, Suzanne rencontre des personnes qui connaissaient toutes, de proche ou de loin, Marie-Josée.

Le premier roman d’Élisabeth Benoit est sans intrigue et se cache sous une imitation de roman policier. En effet, le premier chapitre et la quatrième de couverture portent à croire que le récit nous sera présenté à travers une enquête menée par deux espions, mais détrompez-vous. Il y a effectivement une enquête, mais nous ne savons pas pour quelles raisons elle a lieu et nous n’en connaitrons jamais le dénouement. Cette histoire peu intéressante nous mène parfois même à nous questionner sur la pertinence des passages narrés par les enquêteurs Bob et Mike puisque Suzanne et ceux-ci n’ont aucun lien ou du moins, leur lien ne sera jamais expliqué au lecteur. D’ailleurs, pendant la rédaction de son roman, Élisabeth Benoit a avoué s’être questionnée à savoir s’il était pertinent de laisser ces chapitres dans le roman non. Quand l’auteure elle-même n’est pas certaine de la tournure de son livre, comment les lecteurs peuvent-ils s’y situer?

Le style d’écriture choisi par Élisabeth Benoit laisse à désirer. L’auteure utilise énormément de répétitions, ce qui rend le texte plutôt lourd à lire. Le même mot peut être répété jusqu’à douze fois dans la même page ou encore trois fois dans la même phrase. Comme si ce n’était pas assez, Benoit emploie également des phrases qui font plusieurs lignes, et ce, sans virgule ni ponctuation. On peut repérer à quelques reprises lors de la lecture de Suzanne Travolta des phrases qui s’étendent sur près d’une page complète.

En bref, la lecture de ce roman est sans but et lourde. Il ne nous reste qu’à espérer que ce premier roman d’Élisabeth Benoit soit également son dernier, du moins, avec ce style.

* Depuis trois ans, le cours du Prix littéraire des collégiens, qui tient lieu de quatrième cours de littérature obligatoire, est proposé aux étudiants du Cégep à Terrebonne à la session d’hiver. Les étudiants qui y sont inscrits s’engagent à lire les cinq romans en lice pour le Prix, à les analyser et à ultimement en débattre afin de choisir l’oeuvre la plus méritoire. Malgré la situation exceptionnelle liéà la Covid-19, les discussions ont bel et bien eu lieu et les 29 étudiants du cours ont pu poursuivre leur rôle au sein du jury. Ce compte rendu a été rédigé pour ce cours.

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