Dans le cadre de la Semaine des éveilleurs de conscience, j’ai eu la chance d’assister au documentaire Fahrenheit 11/9 du réalisateur américain Michael Moore présenté au Théâtre du Vieux-Terrebonne.
Par Virginie Lessard
Le documentaire se veut un bilan critique de la politique de Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir à l’approche des élections de mi-mandat. D’un point de vue critique, le réalisateur invite, avec un mélange d’humour et de drame, le public à ouvrir les yeux sur la situation politique (et sociale) des États-Unis depuis l’arrivée en poste de Trump, mais également avant. On appelle à un changement en dénonçant tout ce qui ne va pas. On parle d’abord du nouveau président et de sa campagne controversée pour la présidence. On met en lumière le fait qu’il commet ses «crimes» au vu et au su de tous. Moore vient même jusqu’à établir un parallèle entre le nouveau président et Hitler en superposant des images d’archives du Troisième Reich à un discours de Trump. On parle également de sa relation ambiguë avec sa fille, Ivanka, et on commente plusieurs de ses discours aux propos parfois racistes, sexistes, ou tout simplement provocateurs.
VENT DE CHANGEMENT
Le reste du documentaire vient mettre davantage l’accent sur la situation dans la ville de Flint au Michigan, où il y a un réel problème de contamination d’eau qui passe sous le radar du pouvoir, que ce soit du côté des républicains ou des démocrates. Alors que l’on termine le documentaire en exposant des mesures citoyennes de protestations, en particulier contre les armes à feu, on fait comprendre au public qu’un changement est nécessaire et qu’il ne s’agit pas seulement d’un changement de républicain à démocrate. Comme le dit Michael Moore, «l’Amérique que je veux voir est l’Amérique que nous n’avons jamais eue».
PLUS QUE DU «TRUMP BASHING»
Était-ce une vendetta contre Trump? Peut-être, mais cela n’empêche pas le fait que Michael Moore a su mettre le doigt, à mon avis, sur une réelle problématique. Avant de voir le documentaire, je ne connaissais rien de ce réalisateur et de ses œuvres, je ne connaissais pas son passif ni sa haine de Trump, je ne connaissais pas non plus la ville de Flint au Michigan. Si j’ai trouvé les critiques plutôt faciles à l’égard du président de la part de Moore durant certains passages, je dois dire toutefois qu’il y a d’autres moments lors desquels il a su relever de vrais enjeux sociétaux. Je suis contre le «Trump bashing» pour le simple fait de le faire ou parce que les gens le font, donc on suit la vague. Je commençais donc mon visionnement avec un regard très critique, m’attendant à une autre critique comme celle entendue mille fois sur le président, et il y avait de ça dans l’œuvre de Moore.
RÉALITÉ CHOQUANTE
Ce à quoi je ne m’attendais pas du tout, c’était le réel besoin de changement chez la population, le réel raz-de-marée de protestation pour l’obtention de droits qui sont considérés comme «normaux». Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait des villes aux États-Unis où l’eau potable est une denrée rare, car les eaux de la ville sont contaminées de plomb. Ni à ce que les autorités ne fassent rien pour changer la situation, mais qu’au contraire elles tentent plutôt de la dissimuler pour leurs bénéfices. Ce fut, pour moi, un vrai choc que de voir ça exposé de main de maître par la réalisation de Michael Moore.
LE MOMENT D’AGIR
Après avoir fini le documentaire, je me sentais vidée et je ne pouvais pas croire ce que je venais de voir de mes propres yeux. Que ce genre de choses se produisent, c’est totalement incompréhensible et inhumain à mes yeux. Je crois que plus de gens devraient voir ce documentaire qui permet de faire une réflexion assez critique et juste sur notre société et qui appelle à un changement urgent et nécessaire. Le problème, ce n’est pas Trump, le problème c’est notre société, c’est le système, c’est notre aveuglement volontaire. Le changement, c’est maintenant, et il était temps.