Un (petit) sondage dans le barillet de François Legault

Les chiffres ne parlent pas, on peut donc leur faire dire ce que l’on souhaite: un paradoxe souvent applicable (et appliqué) en politique lorsque vient le temps de justifier, d’appuyer ou de valider une loi.

Par Mohamed Adam Kamal

Tout récemment, le gouvernement de M. Legault a réalisé un sondage afin d’évaluer le taux d’approbation des Québécois vis-à-vis de l’application de la disposition de dérogation (ou clause dérogatoire), article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés, pour faire passer son projet de loi 21 sur la laïcité. Vous ne saviez pas ?

Moi non plus.

Ce n’est qu’en découvrant les «chiffres», au matin du 31 mars, que j’en ai appris l’existence.

Le projet souhaite interdire aux employé du gouvernement québécois en position d’autorité d’afficher des symboles religieux: juges, enseignants du primaire et du secondaire, directeurs d’école, agents de la paix, greffiers, gardes du corps, etc.

QUI? QUOI? COMMENT?

En fouillant un peu, je suis tombé sur un article de La Presse dans lequel il était question de ce fameux sondage et de quelques détails entourant sa réalisation.

Tout d’abord, ce sont des médias de Quebecor qui se sont occupés de sa publication. Le président de l’entreprise, Pierre Karl Péladeau, a été chef du Parti québécois et de l’opposition officielle de l’Assemblée nationale pendant près d’un an (du 15 mai 2015 au 2 mai de l’année suivante), un curriculum aussi impressionnant que révélateur des convictions politiques de l’homme d’affaires.

Mais, ne nous y attardons pas: cela ne remet aucunement en question la capacité de M. Péladeau à exercer correctement sa profession.

LA MAJORITÉ D’UN MICROÉCHANTILLON

Ce qui me fait vraiment remettre en cause la validité des données présentées par Geneviève Lajoie, dans son article «Laïcité: les Québécois derrière Legault», publié dans Le Journal de Québec, c’est l’échantillon du sondage, considéré comme représentatif de la population québécoise: 1015 répondants.

QUE DISENT LES CHIFFRES

Le 1er janvier 2018, l’Institut de la statistique du Québec enregistre 8 341 500 individus dans la province. Ainsi, l’étude menée par la Coalition avenir Québec n’aurait touché que 0,012% des Québécois, sur lesquels 60% seulement auraient, selon les dires de Mme Lajoie, approuvé l’utilisation de la «clause nonobstant».

En somme, nous savons maintenant que 0,007% des Québécois soutiennent le passage en force du projet de loi de François Legault.

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