L’anxiété est un trouble émotionnel se manifestant par un sentiment d’insécurité. Mais, c’est quoi au juste l’anxiété dentaire?
Par Sarah Allard-Puscas
Saviez-vous qu’on estime que 6% de la population mondiale adulte évite totalement le dentiste alors que 15 % l’évitent partiellement? Ces derniers ont tendance à utiliser les services d’un dentiste seulement pour soulager la douleur ou, tout simplement, pour recevoir des soins d’urgence. Ce qui est triste, c’est qu’en évitant de voir le dentiste sur une base régulière, ces patients subissent une détérioration de leur santé bucco-dentaire.
La Société dentaire du Québec (SDQ) regroupe plus de 400 dentistes membres qui favorisent l’accès à la formation continue dans le domaine de la dentisterie. C’est suite à la lecture d’un article rédigé dans le bulletin l’Articulé de novembre 2014, par le Dr Simon Lafrenière, que j’ai décidé à m’intéresser au sujet de l’anxiété dentaire. Depuis, j’ai organisé avec les scouts de la 64 de Sainte Rose plusieurs activités visant la sensibilisation de la population locale concernant l’influence de l’environnement sur notre perception de l’expérience dentaire.
PHÉNOMÈNE PLURIDIMENSIONNEL
Il y a une multitude de facteurs qui contribuent au développement de l’anxiété dentaire. En premier lieu, on peut parler d’un conditionnement direct lorsqu’une expérience plutôt traumatique sert de stimulus initial déclenchant des réponses de peur ou d’anxiété. Deuxièmement, c’est le facteur environnemental qui implique l’acquisition de cette anxiété par le biais d’un membre de la famille, un ami et même de façon générale via la société à travers l’observation.
Vous rappelez-vous de l’épisode de Mr. Bean, chez le dentiste? C’est rigolo, mais on rit pas mal jaune. Ou bien des bandes dessinées qui montrent le dentiste en train de forcer pour arracher une dent et le patient hurle de douleur? Des annonces à la télévision? Ces suggestions indirectes constituent la base de l’apprentissage par l’expérience traumatique d’autrui. Finalement, c’est le trait de personnalité qui est propre à chacun d’entre nous. Ce volet est très complexe et peut être tributaire d’un trouble d’anxiété généralisé ou bien d’un trouble d’anxiété spécifique qui partage des éléments communs avec l’anxiété dentaire.
De plus, il a été démontré que les femmes manifestent plus d’anxiété dentaire que les hommes, que les personnes plus jeunes ont tendance à être plus anxieuses et que le statut socio-économique joue un rôle également. Ainsi, généralement plus le statut socio-économique est faible ou bien le niveau de scolarité est faible, plus les personnes présentent un haut niveau d’anxiété dentaire.
En ce qui concerne les facteurs directs de l’anxiété dentaire, on peut l’associer à la douleur dentaire, la peur de la désapprobation du dentiste pour la qualité de son hygiène dentaire, les expériences antérieures négatives chez le dentiste à la suite d’un traitement ayant entraîné des complications, par exemple, et aussi une interaction négative avec le personnel dentaire.
PISTE DE SOLUTION
Un changement de mentalité par rapport à notre rapport envers nos visites chez le dentiste s’impose. Notre société doit continuer à faire confiance au professionnalisme des dentistes tout en sachant qu’ils sont formés à avoir les connaissances et les compétences nécessaires pour diminuer l’anxiété dentaire. Certes, cette profession fait en sorte que le dentiste doit travailler dans une zone normalement réservée à des personnes ayant une grande intimité. De plus, le client est étendu sur le dos et ainsi il se sent vulnérable en partant.
Les dentistes savent qu’afin de diminuer l’inconfort ils doivent passer par différentes distances et établir un contact physique progressif. Nous, notre rôle en tant que société serait de valoriser davantage les conseils d’hygiène bucco-dentaire, alimentaire et de suivi périodique dentaire rigoureux et surtout de ne pas banaliser le rôle primordial des dentistes par rapport à notre santé globale.
En cessant de mettre l’emphase sur l’inconfort ressenti lors des visites chez le dentiste et plutôt en soulignant le fait que le rôle du dentiste est d’une importance capitale en ce qui concerne notre santé globale, nous serons capables de surmonter le défi que l’anxiété dentaire représente pour plusieurs d’entre nous. Car, le conditionnement positif peut être atteint uniquement par la répétition régulière de notre exposition au dentiste et l’environnement suggestif reste un domaine qu’on peut contrôler afin de diminuer la crainte envers le dentiste. C’est à nous, membres de notre génération des décideurs futurs, de changer notre perspective.