«Chaque être vivant, chaque être humain, devrait avoir droit à un environnement salubre, de boire de l’eau potable, de respirer de l’air pur et de manger des aliments produits par des sols propres», a dit si sagement David Suzuki.
Kevin Philibert | Fondation David Suzuki du CRL
Imaginez-vous en location dans une maison où vous avez emménagé tous vos meubles et accessoires. Un mardi après-midi le propriétaire de la maison entre dans votre domicile sans vous demander la permission et repart avec le frigo. Comme recours, vous avez des droits fondamentaux, «nul ne peut pénétrer chez autrui ni y prendre quoi que ce soit sans son consentement exprès ou tacite». Ç’a bien du sens.
Comme personnalité juridique, j’ai un moyen de me défendre si on me vole mon grille-pain ou mon frigo. Par contre, si on enfreint mon droit de respirer de l’air pur et de manger des aliments produits par des sols propres, ça devient un peu plus complexe, quand ça devrait être la même chose. Voilà le moment où j’ai saisi l’importance du droit de l’environnement.
UN MONDE CONTRADICTOIRE
En premier lieu, disons que l’objectif est de faire du droit à un environnement sain un droit constitutionnel. Pour le moment, le Québec a une longueur d’avance sur la question et reconnaît le droit à un environnement sain en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement et de la Charte des droits et libertés de la personne. En Ontario, au Yukon, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut, la législation reconnaît ce même droit.
Par contre, comme il n’est pas dans la constitution, il n’est pas assez efficace pour permettre aux citoyens et citoyennes de le défendre. C’est alors qu’on accepte, au Canada, des pesticides qui ne sont plus autorisés en Europe puisqu’elles représentent un danger pour la santé. Du même coup, les politiques nationales cautionnent une dose de dioxyde de soufre dans l’air cinq fois plus importante que la dose autorisée aux É.-U. Oui, le reconnaître, c’est bien, mais donner les outils nécessaires pour le défendre c’est une autre affaire.
UNE AGRESSION PRÈS DE CHEZ-NOUS
En deuxième lieu, voici un dossier qui va à l’encontre d’un pays qui défend le droit à un environnement sain, celui de l’aérodrome de Mascouche. 9 hectares sur 19 ont déjà été rasés, et ce, dans un milieu humide, sans même faire l’objet d’une demande d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE).
Tout ça, 19 hectares de coupes à blanc, pour construire un aérodrome à 20 kilomètres de l’ancien ? Mais attendez ? Je croyais que le «Québec [avait] une longueur d’avance sur la question et [reconnaissait] le droit à un environnement sain en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement et de la Charte des droits et libertés de la personne». Ah oui, je croyais aussi que neuf Canadiens sur dix approuvent qu’on défende le droit à un environnement sain. Voilà de malheureuses contradictions.
LÈVE-TOI
Près de 80 % des êtres humains habitent en ville. La moitié des Canadiens vivent déjà dans des régions où la qualité de l’air est au-dessous des niveaux acceptables. Hisser dans les airs, entasser les uns contre les autres, nous ne pensons pas avoir besoin de la nature.
Toutefois, lorsqu’on viole notre droit de respirer de l’air pur, de boire de l’eau potable et de manger des aliments produits dans des sols en santé, c’est notre essence même que nous violons. Ce que nous faisons à l’air, à l’eau et aux sols cultivables, nous le faisons à nous-mêmes, ils sont en nous. En tant que citoyens et citoyennes, nous avons la responsabilité de faire respecter notre droit.
Pour prendre connaissance des projets de la Fondation David Suzuki et passer à l’action : https://fr.davidsuzuki.org
Pour plus d’information sur la Fondation David Suzuki du CRLT, nous sommes disponibles au B-332 le mardi et jeudi pendant la pause commune.