Au terme de cette campagne électorale municipale, Terrebonne se retrouve avec de nouveaux conseillers et un nouveau maire à sa tête. Maintenant en poste, que compte faire le nouveau maire Marc-André Plante ? Voici l’entrevue qu’il a accordée au journal.
Par Léo Gagnon
Vous avez été choisi par 42% des électeurs. Quelle est votre réaction par rapport à ce résultat ?
Je suis d’abord très heureux et satisfait de cet appui comme maire et des résultats dans les quartiers. Il faut quand même se rappeler que la Ville de Terrebonne a été dirigée par la même formation politique pendant 32 ans. Alors, un si beau résultat à une première élection pour une nouvelle équipe et un nouveau parti, c’est une très belle performance et notre majorité au conseil municipal nous permettra de réaliser notre programme électoral.
Tous vos candidats de La Plaine et Terrebonne Ouest ont remporté leur quartier, souvent par de très fortes majorités. Comment interprétez-vous ces résultats ?
Je pense que, pendant plusieurs années, on ne s’est pas beaucoup soucié des préoccupations de ces secteurs. Je pense notamment au dossier de l’élargissement de la 337, où nous n’avons pas senti une très grande volonté politique du précédent conseil, hormis les conseillers locaux. On avait l’impression que les investissements allaient toujours dans les mêmes secteurs de la ville et que La Plaine et Terrebonne-Ouest n’étaient pas suffisamment représentés à la ville.
En même temps, les citoyens ont choisi la force de notre équipe car nous présentions tout de même dans ces secteurs 4 conseillers municipaux qui ne se sont pas gênés au cours de la dernière année pour dénoncer des décisions au conseil municipal et demander du changement.

Comment rallierez-vous le 58% d’électeurs qui n’ont pas voté pour vous ?
Mon devoir comme maire, c’est de travailler avec 100% des conseillers municipaux et de représenter 100% de la population de Terrebonne et les gens le ressentent dans les gestes que nous avons posés. Nous n’agissons pas dans l’optique de représenter seulement les électeurs qui ont voté pour nous et nous voulons faire avancer la ville et tous ses secteurs.
Le maire sortant et plusieurs anciens conseillers ont été présents sur les réseaux sociaux ces dernières années. Quel type de rapport encouragerez-vous entre les Terrebonniens et leur ville durant votre mandat ?
Dans un premier temps, la Ville de Terrebonne va continuer d’être très présente sur les médias sociaux. Nous sommes actuellement dans processus de transformation de notre direction des communications, car nous souhaitons nous diriger davantage vers une direction des communications institutionnelles. Ça veut dire que vous allez voir de plus en plus la ville communiquer dans un objectif d’information, être à l’écoute et faire preuve d’empathie par rapport aux préoccupations des citoyens.
On va de plus en plus encourager les citoyens à adresser leurs problématiques d’abord à la Ville de Terrebonne. Je ne crois pas qu’une ville peut gérer les requêtes de ses citoyens uniquement via les médias sociaux. Ça va être notre responsabilité comme élus de discipliner les gens en leur disant d’adresser leurs requêtes à l’administration municipale. C’est, quant à moi, la meilleure façon de corriger des situations.
À quel échéancier peut-on s’attendre pour l’accès supplémentaire à la 640 Ouest, au bout du boulevard des Entreprises ?
Le conseil municipal du 22 novembre a adopté un projet de règlement d’emprunt pour l’élargissement de la partie de l’avenue Claude-Léveillée du boulevard des Entreprises jusqu’au chemin Comtois. Une partie de la congestion de l’avenue Claude-Léveillée est créée par l’effet d’entonnoir à l’intersection avenue Claude-Léveillée/boulevard des Entreprises alors que l’avenue passe de 3 à 1 voie et que cette voie est très emprunté pour se rendre à Sainte-Anne-des-Plaines ou vers le chemin Comtois. Notre objectif, c’est que ces travaux puissent débuter au cours de 2018. On peut s’attendre à ce que ça réduise la congestion.
Pour l’accès à la 640, y a-t-il un projet ?
Les voies d’accès sont déjà là. La priorité sera l’échangeur Urbanova. Il y a un projet à l’étude pour une voie d’accès dans le parc industriel mais pas d’annonce à venir.
Nous avons comme objectif de mettre en place un voie d’accès à la 640 entre le parc industriel et la 335, ce qui permettrait d’alléger le trafic du parc industriel. Nous n’avons pas d’échéancier à l’heure actuelle.
Vous avez promis l’amélioration du transport en commun. Quelles seront les changements concrets pour les usagers au cours de votre mandat ?
Je compte d’abord solliciter l’appui de mes collègues maires de la Rive Nord pour être représentant au Conseil de l’Agence régionale de transport. Je pense que c’est la meilleure façon de défendre les intérêts des Terrebonniens.
Le transport collectif est actuellement en transformation. Il y a un changement de gouvernance vers l’agence régionale de transport (RTM). On souhaite qu’au début de 2018, toutes les requêtes soient concentrées vers la MRC les Moulins. C’est important, car pour avoir du changement, il faut être alimenté sur les enjeux.
Deuxième élément, en étant élu au Conseil de l’Agence régionale de transport, je veux défendre les préoccupations de mes citoyens. Comme vous l’avez entendu en campagne, je veux obtenir la gratuité du transport pour les étudiants du Cégep de Terrebonne.
À ce moment-ci, il y a dispute quant au montant d’argent à payer collectivement pour compenser cette gratuité. On devra intensifier nos discussions au cours des prochaines années mais, une chose est certaine, Terrebonne n’est pas la seule ville à vouloir la gratuité du transport pour ses étudiants. Plusieurs villes de la MRC et du Nord de Montréal le souhaitent également.
À quoi doivent s’attendre les jeunes (18-25 ans) de Terrebonne de votre administration ?
Je veux principalement développer un milieu économique intéressant pour les jeunes. Avec l’annonce prochaine d’un 8e parc industriel, nous allons vouloir positionner Terrebonne dans les nouvelles économies, la nouvelle technologie, développer un pôle d’innovation. Je suis convaincu que des emplois dans des secteurs de pointe permettront aux jeunes de s’investir dans l’avenir, de développer des entreprises chez eux et d’être porteurs d’un développement économique local.
On peut bien dire qu’on veut impliquer les jeunes dans des activités ou autres, mais, en réalité, pour les amener à s’investir à long terme dans la MRC, il faut qu’ils aient l’espoir d’occuper un emploi de choix, de qualité, près de chez eux.
Vous avez fait campagne sur le changement. Dans un an, quel(s) changement(s) les Terrebonniens constateront-ils ?
Premièrement, la création du bureau d’éthique et d’intégrité. On réfléchit en ce moment à savoir si on fait un bureau mixte avec Laval. Les discussions vont bon train.
Avec le bureau d’éthique, nous allons instituer des mécanismes de surveillance à la Ville de Terrebonne. Nous aurons une ligne directe de dénonciation et nous aurons une équipe de travail qui va faire la lutte au gaspillage des fonds publics à Terrebonne. Dans un an, ce sera une réalité, c’est clair.
Deuxième changement, la manière de travailler au conseil municipal. Déjà là, le décorum au conseil municipal est différent de ce qu’on a vécu. Le ton est différent. Il y a de l’empathie, de l’écoute. Toute la gestion du conseil municipale sera «dépolitisée», ça c’est un changement qui est en cours et tous les conseillers municipaux le voient clairement. C’est important car c’est l’élément démocratique.
Il y a aussi l’adoption prochaine d’une politique sur la participation citoyenne. On parle de conseils de quartiers, de la désignation de résidents sur les commissions municipales, au comité de l’urbanisme. Ces citoyens ne seront pas désignés par le maire, mais par un processus neutre et transparent.
On ne fera pas tout ça dans 5 ans. On fait ça maintenant. Les changements dans l’approche démocratique, dans l’écoute du citoyen, dans l’engagement civique prennent déjà forme et seront permanents.
Je ne nomme quelques changements et je pourrais en nommer d’autres. Il va y avoir une gestion des requêtes de citoyens qui se fera par priorité plutôt que par sensibilité politique. C’est donc un très grand changement de culture dans une administration.
Voir aussi:
Élections à Terrebonne: résultats et analyse
Valérie Plante, nouvelle mairesse: Quel avenir pour Montréal ?