Une nouvelle ère pour la musique

Le nombre d’albums physiques vendus annuellement au Québec a diminué de plus de la moitié, soit de 57%, depuis dix ans, selon l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ). L’apparition de la musique numérique et des plateformes comme Spotify est certainement la cause de ce problème.

Par Laurie Dugas (texte) et Élizabeth Décarie-Robin (vidéo) | Arts, lettres et communication

Les revenus réalisés avec la vente de par la musique en ligne n’égalent pas ceux que pouvaient apporter la vente de CD physiques. Les sites de streaming apportent l’avantage de la visibilité. «Ce sont des services extraordinaires, ils donnent accès à des millions de chansons», explique la directrice de l’ADISQ, Solange Drouin.

Les artistes québécois se retrouvent noyés dans l’immense offre disponible en streaming. «Ce n’est pas l’accès le problème, puisque ces services ont dans leurs catalogues les artistes québécois, mais ils ne sont pas mis en valeur», renchérit la directrice de l’ADISQ.

La visibilité des artistes est importante, selon Solange Drouin surtout au Québec où le marché est limité. L’ADISQ veut donner au public québécois un large éventail d’artistes en tous genres pour lui offrir le choix de la musique écoutée. «On veut que tous les artistes puissent vivre de leur art, précise-t-elle. S’ils n’y arrivent pas, il n’y aura pas de diversité, il va y avoir de la musique, mais il n’y aura pas la nôtre.»

CHANGEMENTS À L’ÉGARD DES LOIS

Le chanteur du duo Alfa Rococo, David Bussières, milite chaque jour pour faire de la musique un milieu viable à nouveau. «L’avenir dans la musique est présentement peu intéressant, mais nous faisons les démarches nécessaires pour obtenir un changement à moyen terme», explique le chanteur.

Les sites de musique en ligne comme Spotify ne paient pas d’impôts dans les pays où ils offrent leur service et l’abonnement à ces plateformes est exempt de taxe. Le milieu de la musique perd donc un grand montant d’argent.

«Pour l’instant, il y a peu d’avantages pour les artistes francophones de mettre leur musique sur des plateformes comme Spotify», affirme le chanteur d’Alfa Rococo. Le changement vers le numérique ne met pas en valeur les artistes québécois, selon lui.

«Les artistes se doivent de mettre leur musique sur ces plateformes pour accepter le changement et espérer les actions nécessaires posées par le gouvernement pour ramener l’argent dans l’industrie de la musique», affirme cependant le chanteur.

«Le gouvernement doit se rendre compte de l’urgence du changement des lois pour rendre la musique payante de nouveau, déclare David Bussières. Les appareils et les forfaits requis pour écouter de la musique en ligne devraient contribuer à donner une partie de leurs revenus à l’écosystème musical».

Les appareils et forfaits auxquels il fait référence sont la tablette ou l’ordinateur, le téléphone cellulaire, le forfait internet, le forfait de donnés internet pour le téléphone mobile et l’abonnement à la plateforme de streaming.

La modification des lois est un long processus et la technologie change rapidement. «Ma crainte principale est qu’il n’y ait pas de virage du modèle économique suivant celui du modèle technologique», ajoute David Bussières.

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LE TRAVAIL DERRIÈRE UN CD PHYSIQUE

Les revenus derrière la vente d’un CD physique sont assez importants pour l’artiste et l’équipe travaillant sur celui-ci. La fabrication d’un disque engendre aussi un plus grand nombre d’emplois, que le format numérique.

Les CD physiques sont encore importants pour une partie de la population, malgré sa disparition imminente.

«Je travaille avec l’artiste afin de développer quelque chose de cohérent avec son image et sa musique, explique la chargée de projet chez la maison de disques Dare To Care Records, Gabrielle Côté-Aubin. Je veux amener l’album à rejoindre son public cible.»

FERMETURE DES HMV

La chaîne de magasins HMV a annoncé la fermeture de toutes ses succursales au Canada le 27 janvier. Cet événement a été un grand choc pour la population canadienne et pour les employés. «Nous avons appris la nouvelle seulement trois heures avant sa publication dans les médias», assure l’ancien gérant du HMV des Galeries Terrebonne, Charles-Guillaume Deneau.

Les dettes et l’ascension de Spotify sont les principales causes de la fermeture. «Les nouveautés musicales sortent d’avance sur Spotify, gratuitement», explique Charles-Guillaume Deneau. L’accessibilité facile des plateformes de streaming attire un grand nombre de consommateurs et les magasins comme HMV en ont subi les conséquences.

L’ancien gérant du HMV de Terrebonne ne croit pas que ces plateformes aident les artistes à générer des revenus. «Le matériel vendu par les artistes rapporte de l’argent, explique-t-il. Spotify amène de la visibilité pour remplir une salle de spectacle, mais pas le financement».

La rapidité du processus de fermeture de la compagnie a surpris Charles-Guillaume Deneau.. Il se dit tout de même attristé pour la chaîne de magasins. «HMV servait à faire découvrir la musique, partager la culture, promouvoir le plus possible les artistes d’ici et offrir à la population la possibilité de découvrir certains genres de musique différents», affirme l’ex gérant du magasin.

LA MUSIQUE CLASSIQUE

La musique classique est un genre de musique plus délaissé que les autres. «Le gouvernement ne finance pas assez les intérêts socio-culturels pour avoir des présentations de grandes envergures à l’égard de la musique classique», explique un étudiant en double DEC en musique et en administration au Cégep régional de Lanaudière à Joliette, Jérémy Poirier.

L’avenir de la musique est incertain, peu importe le genre. «Le double DEC est une porte de sortie, affirme Jérémy Poirier. J’ai décidé de faire de l’administration au cas où la musique ne fonctionnerait pas.»

Le programme de musique offert au Cégep régional de Lanaudière à Joliette est une formation générale. Les cours suivis par les étudiants vont de l’histoire de la musique à la technologie entourant celle-ci.

Les étudiants sont conscients de la difficulté du milieu. Les enseignants encouragent ceux-ci à se démarquer. «Il faut faire sa marque et trouver nous-mêmes notre son», ajoute l’étudiant.

La musique occupe une grande place dans le quotidien des Québécois. Le gouvernement doit agir pour permettre au Québec de garder sa culture et la musique représentant le peuple québécois

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UN REGROUPEMENT POUR LES ARTISTES

Le Regroupement des artisans de la musique (RAM) est un mouvement initié par le chanteur du duo Alfa Rococo, David Bussières. Ce mouvement consiste à intervenir dans les nouveaux enjeux économiques et les problèmes survenant dans le milieu de la musique actuelle.

Le RAM réunit des auteurs, des compositeurs, des interprètes et des musiciens. Il regroupe, entre autre, les artistes David Bussières, Florence K et Salomé Leclerc. Le regroupement inclut tous les genres musicaux et toutes les langues. Il est originaire du Québec, mais les membres sont ouverts à déployer leurs actions sur d’autres territoires.

Le regroupement pose des actions politiques dans le but de changer certaines lois et faire en sorte que les musiciens perçoivent plus de revenus de leur création.

Le mouvement fait de nombreuses représentations auprès du gouvernement et des professionnels de la musique. Il est aussi appuyé par de nombreux  regroupements tels que l’Union des artistes (UDA), représentant les interprètes, la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ), représentant les instrumentistes, et la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ), représentant les auteurs-compositeurs. David Bussières fait partie de plusieurs de ces associations. Le RAM regroupe tous les artisans de la musique. Les interactions avec les autres associations comme l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et du vidéo (ADISQ) sont aussi plus faciles.

L’idée est venue à David Bussières de créer le mouvement lorsqu’il a décidé de calculer le revenu qu’il recevait pour une écoute de musique en ligne. Ce montant revenait à 0,17 sou pour lui et sa collègue Justine, les deux étant auteurs, interprètes, auto producteurs et co éditeurs.

Le RAM amène un visage au regroupement qui revendique plus de revenus à l’égard du streaming, sensibilisant le public à soutenir la cause. Le chanteur d’Alfa Rococo ajoute que la musique québécoise est notre patrimoine et qu’il est important de la protéger. Il faut selon lui s’assurer que les artisans puissent vivre de leur art.

À lire aussi : Difficultés dans le milieu de la musique

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