Les réalisateurs d’ici ont de la difficulté à diffuser leur long-métrage en raison du monopole américain. Toutes les étapes de la création en subissent les conséquences.
Par Tommy Bédard (texte) et Audrey Dubuc (vidéo) | Arts, lettres et communication
Le mot «crise» est souvent utilisé par le public pour qualifier le cinéma québécois actuel. La soi-disant crise dans le cinéma au Québec ne serait pas un état nouveau et alarmant selon l’enseignant en cinéma Philippe Lemieux, mais bel et bien un état permanent et de longue date. «Il n’y a pas de crise dans le cinéma québécois dans la mesure où il y a toujours eu crise et il y a toujours crise».
ACTEURS
Les artistes québécois sont reconnus mondialement pour leur grand talent. «Au Québec, les gens sont très impliqués, ils sont préparés et ils ont le goût de jouer», affirme l’acteur québécois Bruno Verdoni.
De moins en moins de boulot est par contre offert aux comédiens du Québec malgré leurs compétences notoires. «Même s’il y a beaucoup de productions, il y a beaucoup moins d’argent d’investi et on engage souvent les mêmes personnes», soutient Bruno.
Celui-ci a donc décidé de quitter la région québécoise pour se diriger vers le marché international. Il souhaite perfectionner son anglais comme le font plusieurs artistes oeuvrant dans le milieu cinématographique au Québec dans le but de mieux réussir dans le marché québécois par la suite. Ils croient que s’ils réussissent à travailler, à performer et à se faire connaître à l’étranger, ils pourront plus facilement travailler au Québec par la suite.
Un autre moyen qu’ont les acteurs québécois pour réussir dans leur patelin est d’être polyvalent selon Bruno Verdoni. Les artistes doivent donc s’attendre à faire du théâtre, du cinéma, de la télé, des voix et peut-être de l’écriture afin d’avoir de meilleures chances d’être engagés au cinéma et à la télévision.
PRODUCTION
Toutes compagnies de production s’obligent à choisir des films qui vont plaire à la plus grande partie possible de leurs auditeurs afin de rentabiliser au maximum leurs projets. «Lorsque je fais un film, il faut que ça rejoigne le plus grand public possible, explique le président de la compagnie de production Crystal film Christian Larouche. Je me demande si les gens vont vouloir voir ce film-là.»
Le manque de budget au Québec comparativement à celui des boîtes de production telles qu’aux États-Unis et en France rend le travaille des producteurs québécois difficile. Ils accordent souvent plus d’importance au scénario qu’aux effets spéciaux nécessitant de grosses dépenses. Les cinéastes québécois ne peuvent donc pas compétitionner avec les moyens qu’ont les cinéastes américains et doivent se concentrer sur ce qu’ils sont capables de faire et doivent se surpasser.
DISTRIBUTION
Le financement de productions québécoises se fait par des organismes gouvernementaux tels que la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Ceux-ci ont des dates de financement à respecter. «On peut avoir une année soi-disant basse telle que l’année 2016 ou le box-office québécois représentait à peu près 9 millions de dollars et une année plutôt bonne comme l’année 2017 où, selon nos prédictions, nous allons frôler le double», explique le vice-président de la distribution en salle chez les Films Séville Victor Rego.
La distribution en salle d’un film québécois se compare à celle d’un film américain. M. Rego affirme que seulement 12 films sur une totalité de 70 films ayant été distribués au cours de l’année 2016 sont des productions québécoises.
RÉALISATEUR
«Tu dois prouver que tu es pertinent et que ton regard sur les choses et sur la vie est intéressant pour ensuite être capable de toucher des gens», soutient la réalisatrice québécoise Anne Émond. Celle-ci a dû prouver sa juste valeur à la suite de sa première production ayant eu du succès. «Même après un long-métrage qui a bien marché à travers le monde, il faut toujours refaire sa place», explique Anne.
La quête constante de financement pour leurs productions pousse la créativité des réalisateurs québécois, selon elle.
Anne Émond explique d’ailleurs que le cinéma au Québec n’est pas à son apogée. «Le cinéma québécois a connu un âge d’or à l’époque de films tels que La Grande Séduction et Crazy sortis en salles en 2003 et 2005 respectivement. Dans la dernière décennie, les chiffres ont vraiment baissé», formule-t-elle.
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LE QUÉBEC, UNE PARTIE CACHÉE DE HOLLYWOOD
Plusieurs maisons de production américaines se tournent vers le Québec depuis plus d’une dizaine d’années pour réaliser les effets spéciaux de leurs films. Des films tels que X-Men : Apocalypse, Independance Day : Resurgence, Le revenant et Star Wars : Rogue one ont faire produire leurs effets spéciaux en partie ou en totalité dans la région montréalaise.
Des institutions comme Hybride Technologies et Rodeo Fx font maintenant partie de la plaque tournante mondiale de création d’effets spéciaux.
La firme laurentienne Hybride fait partie d’une industrie connaissant une croissance annuelle de 27% au Québec selon une étude commandée par l’industrie des effets visuels. Ce secteur a vu ses activités tripler au cours des cinq dernières années en partie en raison du taux de change entre le Canada et les États-Unis comme l’affirme le directeur du studio VFX chez Mels Benoît Touchette.
Des productions telles que Avatar, Le Monde jurassique, The Hunger Games et Star Wars se sont tournés vers le studio numérique Hybride pour la création de leurs effets visuels. « L’une des plus grandes boîtes à effets spéciaux au monde est Hybrid technologie », affirme l’enseignant en cinéma Philippe Lemieux.
L’entreprise Rodeo Fx détient aussi un curriculum vitae bien rempli depuis son arrivée dans l’industrie du cinéma en 2006 avec des films tels que 22 Jump Street et Un jour sans lendemain.
«Nous continuons à faire du démarchage auprès des grands studios. La demande est bel et bien présente», assure le président de la compagnie Sébastien Moreau. La demande ne cesse d’augmenter et rend possible l’expansion de la compagnie montréalaise dans des bureaux situés à Québec en 2014.