22% des réfugiés ne connaissaient ni le français ni l’anglais au cours des neuf premiers mois suivant leur arrivée selon le gouvernement canadien. Le réfugié d’origine vietnamienne, M.Hai-Au Nguyen, fait partie de la statistique.
Par Kellyanne Benoit | Arts, lettres et communication
Hai-au Nguyen a connu plusieurs obstacles pour s’ajuster à la culture québécoise en raison des difficultés de communications lors de son arrivée dans son pays d’accueil, il y a 24 ans.«C’est difficile d’apprendre le français, car ce n’est pas le langage maternel», exprime-t-il.
La communication joue un rôle primordial pour l’adaptation d’un immigrant ou d’un réfugié, car c’est la base de toute interaction humaine. Les organismes viennent en aide aux réfugiés pour l’adaptation dans la société en général, mais aussi pour la francisation de ceux-ci.
DU POINT A AU POINT B
Le premier choc pour un réfugié est le transfert de son pays natal à son pays d’accueil. M. Nguyen a vécu un trajet long et mouvementé. Il a quitté le Vietnam dans un petit bateau avec, comme seule ressource, des articles nécessaires à sa survie. «Quand tu traverses, tu dois faire semblant d’aller travailler dans la mer pour pêcher le poisson explique-t-il. Tu ne dois pas avoir beaucoup de nourriture, parce que si l’armée voit qu’il y a beaucoup de nourriture, ils vont t’arrêter parce que tu quittes le pays». Le bateau est dirigé par une personne qui n’a aucune expérience en mer et M.Nguyen devait partir du Vietnam pour se rendre en Thaïlande où il est resté trois ans dans un camp de réfugiés. Aucun immigrant ne peut quitter le camp, mis à part si une personne décide de le parrainer et de payer son transfert jusqu’à son pays d’exil.
Plusieurs organismes aident les immigrants et les réfugiés pour bien s’ajuster à leur terre d’accueil. Le premier objectif est la sécurité, par la suite ce sont les soins de santé et finalement il y a la francisation avec l’intégration et la formation avec tout ce dont ils ont besoin.
La directrice générale du Coffret à Saint-Jérôme, Line Chaloux, accueille les réfugiés et les immigrants en facilitant leur intégration . «Généralement, le premier choc est vraiment la langue, précise-t-elle. C’est tout un défi quand les gens arrivent. Parfois, ils ont des chocs post-traumatiques alors ils n’ont pas une attention constante. C’est très difficile pour eux. Après le choc de la francisation, il y a la recherche d’emploi qui est aussi un défi pour eux à ce moment-là.»
Plusieurs obstacles ralentissent l’intégration des réfugiés. La communication est le premier, suivi par la reconnaissance des acquis et la recherche d’emploi. «Il y en a pour qui le choc est terrible, surtout dans une société patriarcale où c’est le père qui mène et qui prend toutes les responsabilités, dit-elle. Ils arrivent ici et on leur apprend que c’est leur femme et leur enfant qui devront prendre leurs propres décisions. L’adaptation se fait aussi avec les coutumes et les valeurs du Québec.»
CHANGEMENT RADICAL
Certains réfugiés proviennent de pays ou la langue et les coutumes sont à l’opposé de la culture occidentale et c’est le cas pour le réfugié turc, Burak Akbaş. Le choc de la langue française a été significatif pour lui et sa famille. «Le plus gros obstacle, c’est la langue, explique-t-il. Même à l’école, tu ne peux pas comprendre les examens. Encore aujourd’hui, maîtriser mon féminin et masculin, c’est toujours difficile.»
Ce changement peut confronter certains Québécois qui ne connaissent pas les cultures étrangères. Pour certains individus, ce sont des étrangers qui viennent s’installer dans notre pays, qui ne parlent aucun mot de français et qui ont des habitudes différentes des nôtres. Certains réfugiés se sentent jugés. « Ma petite sœur et ma mère sont voilées et elles vivent encore aujourd’hui de la discrimination, exprime M.Akbaş. Ma grande sœur n’est pas voilée et elle a vécu un cheminement plus facile, semblable au mien». Malgré certains incidents comme celui-ci, la plupart du temps, les immigrants et les réfugiés se sentent bien accueillis.
VITESSE INCONSTANTE
La vitesse à laquelle les immigrants apprennent le français varient. Tout cela dépend de plusieurs facteurs, par exemple: l’âge du réfugié, le degré de scolarité et le développement de son pays d’origine. Pour M.Nguyen, l’intégration a été difficile, car il a dû abandonner l’école pour aller sur le marché du travail et c’est là-bas qu’il a appris la langue française.
«Certains ont fui leur pays quand ils avaient déjà fini leurs études, explique le technicien en activité d’intégration Jean-Pierre Hellebaut. Ceux-là sont plus disposés à apprendre ou à retourner à l’école pour apprendre quelque chose tandis que ceux qui n’ont jamais eu de scolarisation avant de quitter leur pays auront beaucoup plus de difficulté.
La communication joue un rôle important pour eux, puisque c’est avec celle-ci, qu’ils se trouvent un emploi et qu’ils peuvent interagir avec autrui. «Ce n’est pas tellement le principe que ce soit difficile ou non d’apprendre une autre langue, le français en particulier, mais c’est simplement le processus d’apprentissage puisque la scolarité et la façon d’apprendre n’est la pas la même dans chaque pays», exprime M. Hellebaut.
DROIT AU RENSEIGNEMENT
Les sessions d’informations sont très importantes pour les nouveaux arrivants. Certains immigrants vivaient dans un pays où il y avait un système social, juridique et politique différent du système québécois. Ils doivent être informés de leur droit à une liberté d’expression et une communication. «C’est souvent des choses qui existent ici qui n’existent pas du tout dans leur pays, ou même la notion de la primauté du droit, qui implique que les policiers ne peuvent pas mettre arbitrairement quelqu’un en prison ou même tuer quelqu’un et torturer quelqu’un, explique le coordinateur du comité d’aide aux réfugiés, pour la table de concertation des organismes aux services des personnes réfugiées et immigrantes, Rick Goldman.
Le travail de sensibilisation que fait cet organisme est important, car il favorise l’intégration et la compréhension des droits des gens, comme la charte antidiscriminatoire qui n’existe pas dans plusieurs pays qu’ils ont fuit. Tous ces facteurs jouent un rôle dans les difficultés de communication. «L’âge importe, car c’est un phénomène universel, que les jeunes apprennent beaucoup plus vite que les adultes plus âgés», explique-t-il. Les réfugiés sont bien entourés par les organismes nécessaires pour une bonne intégration.
Aime Arts, lettres et communication sur Facebook !
À PROPOS DES RÉFUGIÉS
Plusieurs termes sont employés pour désigner les immigrants ou les réfugiés, que ce soit des termes juridiques ou bien à connotations péjoratives.
La définition d’un réfugié selon le Conseil canadien pour les réfugiés est la suivante: «une personne qui a dû fuir la persécution». La loi Canadienne a adopté, pour sa part, la définition suivante, valable à l’échelle internationale : «une personne doit se trouver hors de son pays d’origine et craindre avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques.»
Certaines personnes font une demande d’asile. En fait, avant une détermination, cette personne qui demande l’asile ne sera ni désignée comme un réfugié et ni comme un demandeur d’asile. Dans le même ordre d’idée, un demandeur du statut de réfugié ou un revendicateur du statut de réfugié est une personne qui a demandé l’asile. Ce terme est davantage utilisé au Canada que demandeur d’asile.
Certaines personnes tentent de fuir ou d’être protégée. Selon la Loi canadienne sur l’immigration et la protection des réfugiés, «une personne reconnue par le Canada comme soit (a) réfugié au sens de la Convention, soit (b) une personne à protéger».
Les réfugiés qui se sont réinstallés, ils obtiendront la résidence permanente dans un autre pays que dans celui où ils sont. Au Canada, le gouvernement va les reconnaître comme des réfugiés avant même qu’ils se soient installés.
es personnes qui sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Elles vont être déplacées de force, mais dans le même pays, soit leur pays d’origine.
Un apatride est une personne qu’aucun état ne va reconnaître comme étant son ressortissant. Le dernier terme est celui du réfugié politique ou économique. Cette expression n’a pas de signification au terme juridique. En fait, il porte confusion, car il suggère qu’il y ait plusieurs catégories de réfugiés alors que ce n’est pas le cas.