Génération Crossfit

Commanditaires, publicité et réseaux sociaux ont permis au Crossfit de se forger une place d’envergure internationale dans l’industrie de l’entraînement physique. Incursion dans l’univers d’un sport né de la pub.

Par Alexandra Laurent | Arts, lettres et communication

Le Crossfit est un sport en émergence partout autour du globe. Combinant l’haltérophilie, la dynamophilie, la gymnastique et le conditionnement métabolique,  la popularité grandissante de cette activité physique est principalement causée par le marketing innovateur et par la publicité originale entourant cette discipline. Crossfit n’est pas qu’un terme désignant une nouvelle méthode d’entraînement, Crossfit est également une marque.

 

Le directeur du programme de baccalauréat en enseignement en éducation physique et à la santé de l’Université de Sherbrooke, Félix Berrigan, explique que le Crossfit n’a pratiquement rien inventé de nouveau en terme de mouvements physiques. «La plupart des mouvements qui constituent cette discipline existaient déjà avant la création du mot Crossfit, avoue-t-il. C’est seulement la façon de les percevoir qui est différente depuis l’arrivée de ce sport. Leur marque et leur publicité sont très fortes.»

SE DÉMARQUER À L’INTERNATIONAL

Travail acharné, constance, discipline et talent sont nécessaires en Crossfit pour atteindre les Crossfitgames, soit le plus grand championnat de Crossfit du monde. L’athlète québécoise Michèle Letendre a participé six années consécutives à cette prestigieuse compétition.

L’omniprésence de la publicité promouvant le Crossfit est très utile et bénéfique aux athlètes pour parvenir à se faire connaître à travers le monde. «Grâce à la présence et à l’énorme marketing de Crossfit, on peut vraiment réussir à se créer un “brand” en tant qu’athlète», soutient Michèle Letendre, ravie.

L’activité sur les réseaux sociaux est très importante pour les athlètes des Crossfitgames, car elle permet de construire leur image tout en renforçant leur présence et leur attachement à la communauté compétitive de Crossfit.

La marque Crossfit ainsi que les athlètes professionnels de ce sport réussissent à attirer plusieurs commanditaires puisque cette discipline ne cesse d’augmenter en popularité dans l’univers de l’entraînement. Plusieurs compagnies de vêtements, de matériel sportif ou encore de suppléments alimentaires s’associent à Crossfit afin d’obtenir de la visibilité. «La marque Reebok est devenue le commanditaire principal des Crossfitgames en 2011 et depuis, ils sont très présents chez les athlètes professionnels de Crossfit», explique Michele Letendre.

L’athlète québécoise est commanditée par des compagnies de vêtements, de suppléments alimentaires, de boissons énergisantes et d’équipement spécifique à la pratique du Crossfit.

UN SPORT ACCESSIBLE

Le Crossfit n’est pas seulement un sport compétitif. Crossfit se définit à la base comme une discipline accessible à tous. Mélissa Doddridge, mère de trois enfants, s’adonne à cette méthode d’entraînement depuis trois ans au centre O’Bunker de Mascouche. Elle raconte que ce sport occupe beaucoup de place dans sa vie. «En ordre de priorités, ma famille est au premier rang et le Crossfit est au second, avant le travail»,  s’exclame-t-elle en riant.  

La publicité entourant ce sport influence également la consommation de ceux qui le pratiquent simplement pour garder la forme ou encore pour le plaisir. Ils sont tentés d’acheter des vêtements, des accessoires ou encore du matériel spécifique qu’ils n’achèteraient pas s’ils s’entraînaient dans une salle de mise en forme conventionnelle. L’équipe marketing derrière Crossfit réussit à convaincre les consommateurs qu’il s’agit d’équipement nécessaire.

Des compétitions locales de Crossfit sont organisées partout au Québec en saison estivale. Ces événements permettent à la communauté Crossfit québécoise de se réunir dans un environnement amical et stimulant. Plusieurs compagnies profitent de ces  multiples compétitions pour se faire connaître. Kiosques de vêtements, dégustations de boissons désaltérantes et d’aliments protéinés sont au rendez-vous. Les athlètes sont sans arrêt incités à consommer. «C’est certain que la publicité générée par Crossfit m’influence à consommer davantage, avoue Mélissa Doddridge, pensive. Chaque fois que je participe à une compétition, je m’achète un nouveau morceau de vêtement même si je n’en ai pas vraiment besoin.»

NAISSANCE D’UNE COMMUNAUTÉ

Le propriétaire du centre O’Bunker de Mascouche, Mathieu Archambault, remarque  que le Crossfit est un sport très rassembleur. La combinaison de l’aspect social et de l’entraînement crée rapidement chez les athlètes un sentiment d’attachement et d’appartenance à cette petite communauté.

Des sportifs de tous âges et aux capacités différentes se réunissent quotidiennement pour repousser leurs limites personnelles.  «On met tout d’abord l’accent sur l’entraide, le dépassement de soi et la persévérance avec ce type d’entraînement là, explique Mathieu Archambault. Le spectre athlétique de ma clientèle est alors très vaste puisque j’offre un entraînement accessible à tous», témoigne-t-il, fier.

The Opens est une compétition ouverte à tous. Il s’agit de la première étape de qualification pour les Crossfitgames. Des athlètes provenant des quatre coins du globe participent annuellement à cette compétition en ligne. Chaque semaine pendant cinq semaines, Crossfit annonce sur les réseaux sociaux l’épreuve à réaliser. Un classement cumulatif des cinq épreuves est réalisé et les 50 meilleurs athlètes de chaque catégorie d’âge se classent pour la seconde étape de qualification, soit The Regionals.

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Crossfit a donné naissance à une communauté qui, par son amour et son attachement pour ce sport, promeut d’elle-même cette méthode d’entraînement. Le fondateur de Crossfit, Greg Glassman, a réussi à créer un monopole pour sa marque en s’associant à la marque Reebok.

«On aime ça s’afficher Crossfit, ça développe un sentiment d’appartenance, explique Mélissa Doddridge en souriant. Les gens qui portent des vêtements de Crossfit se remarquent entre eux et se reconnaissent.» La publicité de Crossfit et de Reebok se fait alors d’elle-même partout dans le monde.

Certains déplorent toutefois le coût élevé du matériel vendu. Un morceau de vêtement peut se détailler cher, simplement parce qu’il possède le logo d’une marque associée à Crossfit. «On a créé une demande qui est très forte, alors Crossfit capitalise là dessus pour faire un gros profit», se désole Mathieu Archambault.

CRÉATION D’ENTREPRISES

Des entreprises de suppléments alimentaires, de nourriture santé, de boissons énergisantes et de vêtements ont vu le jour grâce à l’essor du Crossfit. La compagnie québécoise de vêtements de Crossfit Filthy 50 fait sa publicité sur les réseaux sociaux et durant les compétitions de Crossfit. Le propriétaire de cette compagnie, Alexis Leblanc-Bazinet, explique que son entreprise est en plein essor dans la province. «Les clients sont de plus en plus accessibles grâce à la popularité grandissante du Crossfit», se réjouit-il.


Décodage Crossfit

  • Il s’agit d’une nouvelle méthode d’entraînement accessible à tous.
  • Crossfit vient de Cross fitness, ce qui signifie entraînement croisé.
  • En 1970, l’ex-gymnaste universitaire Greg Glassman et son ex-femme ont transformé leur garage en salle d’entraînement, inventant ainsi le Crossfit.
  • La marque Crossfit apparaît officiellement en février 2001. Cette nouveauté a permis de répandre le concept de ce sport à l’échelle internationale.
  • Le Crossfit combine la gymnastique, le conditionnement métabolique, la dynamophilie et l’haltérophilie.
  • Le Crossfit requiert peu d’équipement et se pratique maintenant partout à travers le monde dans des locaux à l’allure de garages.

Quelques termes incompréhensibles pour les néophytes

  • «WOD» signifie workout of the day, soit entraînement du jour.
  • «AMRAP» signifie As many reps as possible. Cela consiste à répéter le maximum de répétitions possibles de certains mouvements proposés dans un temps limité.
  • «EMOM» signifie Every minute on the minute, donc une minute à la fois. L’athlète est amené à répéter la même série d’exercices en moins d’une minute. Le temps restant à la minute est alloué au repos, puis, lorsque la minute suivante s’entame, l’athlète recommence la série d’exercices.  
  • «TABATA» est un système d’entraînement à intervalles. Il s’agit d’un cycle d’une durée de quatre minutes qui propose 8 périodes de 30 secondes, séparées ainsi : 20 secondes d’effort pour 10 secondes de repos. Les athlètes complètent souvent leur entraînement quotidien avec un ou deux «TABATAS».
  • Le Ccrossfit est de plus en plus populaire. Alors qu’il y avait 18 centres de Crossfit en 2005 dans le monde, on en compte plus de 2000 aujourd’hui.

À lire aussi : Crossfit: une image de marque

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