Le propriétaire du centre O’Bunker de Mascouche, Mathieu Archambault, fait la lumière sur l’influence de la publicité véhiculée par la marque Crossfit chez les athlètes pratiquant ce sport.
Par Alexandra Laurent | Arts, lettres et communication
Que pensez-vous de la publicité générée par Crossfit?
Contrairement à l’industrie du fitness et du culturisme, je trouve que l’approche Crossfit met davantage l’accent sur l’équilibre et la forme physique, car il n’y a pas beaucoup de suppléments de performance qui sont vendus dans ce sport. Crossfit est une marque qui vend plus l’athlète que l’apparence et qui met beaucoup à l’avant-plan la femme forte et épanouie, ce qui était moins présent et valorisé auparavant. D’un côté marketing, je trouve que, sur cet aspect, Crossfit a une belle présence, car on a été capable de faire converger toutes les sphères de l’entraînement avec la marque soit les vêtements, les chaussures et les accessoires. Leur marque est extrêmement forte. Je suis d’avis que le fondateur de Crossfit, Greg Glassman, a réussi, en s’associant à Reebok, à créer un monopole pour sa marque. Par contre, un aspect plus négatif est le coût élevé du matériel vendu. On a créé une demande qui est très forte. Crossfit capitalise là-dessus pour faire un gros profit.

La publicité que véhicule Crossfit reflète-t-elle, à votre avis, la réalité?
C’est certain que Crossfit nous fait croire qu’on performera mieux avec telle chaussure ou encore avec tel équipement de marque spécifique. Indirectement, c’est un peu vrai. Si c’était mensonger, je trouverais cela abusif. Dans une certaine mesure, c’est vrai, car en étant équipé adéquatement pour performer, on est meilleur, nécessairement.
Les multiples promotions générées par Crossfit mettent-elles de la pression de consommer sur vous et vos athlètes?
Cela dépend du type de personne. Certains courent après la mode et tiennent à posséder les produits et les vêtements les plus récents. Pour ma part, je suis assez conservateur. Je garde mes vêtements et mon équipement assez longtemps. C’est certain que c’est attrayant, mais ce n’est pas tout le monde qui a le budget pour se permettre ces dépenses. Je ne sens pas nécessairement de pression à l’achat, mais peut-être davantage pour ce qui a un lien plus direct à la performance. À mon avis, ceux qui souhaitent compétitionner plus sérieusement vont s’équiper en conséquence.
De quelle façon la publicité entourant le Crossfit vous est-elle bénéfique en tant que propriétaire d’une salle de crosstraining?
Ce qui est bénéfique, c’est que Crossfit a su remettre le côté plus athlète à l’avant-plan. Crossfit promeut qu’il s’agit d’un sport accessible à tous, ce qui me permet d’avoir une clientèle très variée. Le côté communauté et entraide sont énormément mis de l’avant-plan avec ce type d’entraînement-là, ce qui fait en sorte que le spectre athlétique de ma clientèle est très large. L’athlète la plus jeune a 11 ans, l’athlète la plus âgée a 62 ans et il y a plus de femmes que d’hommes. Une fois que la première barrière intimidante est passée et que la personne a compris que c’est accessible, il m’est très facile de promouvoir O’Bunker.
Quelle est la publicité que vous faites pour promouvoir O’Bunker?
Une des forces de Crossfit est qu’en jumelant le côté social avec l’entraînement, les gens s’attachent rapidement à cette petite communauté. Dès que j’ai eu un noyau de membres qui se sont attachés à l’endroit et à ce que je leur offre, je n’ai plus eu besoin de la publicité, car c’est prouvé que la meilleure forme de publicité est le bouche-à-oreille. Et c’est vrai. Les gens sont devenus tellement attachés à l’endroit, aux entraîneurs et aux autres athlètes que ce sont mes membres eux-mêmes qui font ma publicité. Personnellement je n’ai que ma page Facebook comme publicité et le téléphone ne cesse de sonner.