Difficultés dans le milieu de la musique

Solange Drouin est la vice-présidente aux affaires publiques et la directrice de l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et du vidéo (ADISQ). Cette association, fondée en 1978, consiste à aider les producteurs québécois avec la promotion collective, les représentations auprès des pouvoirs publics ainsi que les négociations et gestions d’ententes collectives avec les associations d’artistes reconnus.

Par Laurie Dugas | Arts, lettres et communication

Pourriez-vous décrire les enjeux économiques dans le monde de la musique québécoise actuelle?
En ce moment, le plus gros enjeu auquel on fait face est la baisse des revenus tirés des ventes d’albums physiques. De 2005 à aujourd’hui, les parts de marché ont diminué de 70%. Malheureusement, ce n’est pas remplacé par d’autres revenus. Les ventes d’albums numériques ont, elles aussi, plafonné et les sites de musique en ligne, comme Spotify, génèrent peu de revenus. Ce ne sont pas juste les producteurs qui n’ont pas d’argent, mais aussi les artistes, les auteurs et ça ne nous permet pas de renouveler la relève, d’avoir de nouveaux albums, puisque les gens prennent moins de risques. Photosolange2
Quelles sont les conséquences de ces enjeux sur notre société?
Il existe plusieurs politiques culturelles qui ont pour mission de mettre en valeur notre culture. Les pays ne sont pas tous égaux par rapport aux moyens envisageables pour promouvoir leur musique. Nous devons essayer de rééquilibrer la place que nos artistes prennent dans les médias. Nous devons rendre une diversité d’artistes accessible. Ultimement, le manque d’argent dans l’industrie contribuera à éliminer cette diversité. Seuls les artistes étrangers qui ont une force de frappe immense resteront. On veut avoir la possibilité qu’un artiste puisse vivre de son art au Québec. Sans diversité, il y aura de la musique, mais il n’y aura pas la nôtre.  

Quelles seraient les solutions envisageables pour remédier à ce problème?
Tout d’abord, nous devons faire des modifications à l’égard de la loi. Certains aspects de celle-ci freinent le pouvoir, les revenus, qu’on peut aller chercher. Par exemple, la loi sur le droit d’auteur et la loi sur les télécommunications protègent les fournisseurs d’accès internet d’avoir l’obligation de contribuer à la culture. Ensuite, nous devons avoir des modifications à l’égard de la fiscalité. Lors d’un abonnement à Spotify, il n’y a pas de taxes sur les produits et services. Les gouvernements devraient charger cette taxe et l’argent devrait revenir au milieu de la culture. De plus, des changements financiers s’imposent. On demande au gouvernement de nous donner les moyens de maintenir notre capacité de production pendant l’attente des autres changements.

Pourquoi le système économique est complètement redéfini dans cette «nouvelle ère» de la musique avec des applications comme Spotify?
Les gens ont vraiment l’impression que la musique est gratuite. Avant, ils achetaient des disques, des billets de spectacles. Maintenant, les gens se disent qu’ils paient l’accès internet et le reste devrait être gratuit. Nous ne demandons pas aux gens de payer plus, on demande que la musique en ligne ait une perception d’argent qu’ils reçoivent qui retourne dans le milieu de la culture. Il y a de l’argent en musique, mais elle ne revient pas à l’industrie.

Comment les applications comme Spotify peuvent mettre en danger les artistes québécois actuels?
Ce sont des services extraordinaires, ça donne accès à des millions de chansons. On se retrouve noyés dans toute cette offre. Ce n’est pas l’accès le problème, puisque ces services ont dans leur catalogue les artistes québécois. C’est leur mise en valeur. Un service comme Spotify pourrait mettre de l’avant une partie de contenu québécois quand vous ouvrez votre téléphone. Il y a de très bons artistes au Québec et ça vaut la peine de les mettre en valeur. Le plus important est la visibilité des artistes québécois sur ces nouvelles plateformes.

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