Les jeunes de 15 à 24 ans sont touchés davantage par les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) que les autres groupes d’âge, indique le portrait des ITSS au Québec de 2014 par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Lanaudière est une des régions québécoises ayant le plus haut taux de cas.
Par Charlotte Gaudreault | Arts, lettres et communication
Plusieurs facteurs expliquent le taux élevé d’ITSS, dont le grand nombre de tests de dépistage faits à Lanaudière, dit l’infirmière clinicienne en jeunesse Pascale Jasmin. Dépister plus engendre nécessairement plus de cas d’ITSS dépistés. L’absence de condom lors de relations sexuelles, avoir plusieurs partenaires, la pensée magique que cela n’arrive qu’aux autres et mentir sur le fait d’avoir une ITSS sont des facteurs à l’origine de cette hausse, selon Mme Jasmin. «Comparativement à il y a 10 ans, c’est sûr qu’on a l’impression qu’on en voit plus», dit-elle.
Lanaudière est une des régions les plus touchées par la chlamydia avec 1485 cas déclarés (chiffres de l’INSPQ) en 2014, âge et sexe confondus. En 2010, 1093 cas ont été déclarés. L’infection gonococcique touche aussi plus la population lanaudoise, de nos jours: en 2010, 86 cas sont recensés, alors qu’en 2014, cela monte à 159 cas. Les jeunes québécois représentent 66% des cas de chlamydia et 47% des cas d’infection gonococcique.

CONSÉQUENCES PSYCHOLOGIQUES
Les jeunes touchés par les ITSS vivent avec des conséquences négatives quotidiennement. «Des fois, au niveau de la santé à court terme, c’est pas si pire, c’est plus au niveau psychologique qu’il peut y avoir des incidences», explique la travailleuse sociale Lysiane Durand. «Ça affecte leur santé physique, mais, en même temps, […] il y a des traitements quand même assez simples avec des antibiotiques.»
L’anxiété et la honte peuvent affecter les jeunes d’un côté plus psychologique. Leur estime et leur confiance en soi peuvent aussi diminuer.
La vie amoureuse du jeune affecté peut aussi être compromise. «Si la personne a une ITSS et qu’elle est célibataire, c’est stressant pour la suite, elle va se dire ‘’Est-ce que je vais trouver quelqu’un?’’», dit la travailleuse sociale. L’isolement peut aussi s’installer dans les cas où l’ITSS est plus préoccupante.
MANQUE DE PRÉVENTION?
Beaucoup de publicités à propos des ITSS circulent, selon Lysiane Durand. Elle ajoute cependant que le fait que les jeunes ne se sentent pas concernés par ces publicités peut causer problème.
Les ateliers de prévention dans les écoles lanaudoises sont nombreux contrairement aux autres régions, mais ils ne sont peut-être pas donnés au bon moment, pense Pascale Jasmin. La prévention en secondaire 3 serait peut-être offerte trop tôt pour les élèves. «En secondaire 3, souvent, comme tu n’es pas actif sexuellement, tu es moins porté à retenir l’information», dit l’infirmière. L’ajout d’un atelier pour les élèves de 5e secondaire a commencé l’année dernière afin de leur offrir un rappel.
«Aussi, ce que je remarque, c’est que beaucoup de filles ont de la difficulté à s’affirmer auprès de leur chum», affirme Mme Jasmin. Imposer le port du condom lors de relations sexuelles est ardu pour certaines. L’infirmière clinicienne ajoute que des ateliers de valorisation chez les jeunes filles pourraient aider à ce qu’elles s’affirment lors de relations. Des ateliers d’éducation, chez les jeunes garçons, pourraient aussi être bénéfiques afin qu’ils apprennent à écouter les filles.