Les élèves au secondaire qui vivent avec un handicap, une difficulté d’apprentissage ou d’adaptation dans Lanaudière sont en augmentation considérable. Depuis 2008, ils sont passés de 10 681 à 12 477 en 2013, selon le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Ces conditions particulières amènent de nombreux obstacles tant aux élèves touchés qu’aux enseignants.
Par Julie Lebrun | Arts, lettres et communication
Un des grands problèmes a été le retrait des classes spécialisées et le gouvernement n’a pas tenu sa promesse de leur fournir plus d’aide, croit l’enseignante de français à l’école secondaire le Prélude, Carine Boudreault.
Dans les faits, lorsque les classes spéciales ont été abolies, les experts travaillant dans les écoles secondaires ont aussi commencé à perdre leur poste. En plus de devoir travailler avec un nombre considérable d’élèves qui ont des problèmes, les enseignants doivent essayer d’aider ces jeunes.

DES CONSÉQUENCES POUR TOUS
Pour les jeunes, ce n’est pas facile de vivre avec cette condition. Aurélie Bélanger et Chloé Morel, toutes les deux âgées de 14 ans ont un TDAH. Les deux élèves disent tomber dans la lune à répétition et lorsqu’elles recommencent à écouter, elles ont manqué une majeure partie de la matière. Dans son cas, Chloé dit qu’elle a «droit à un lexibook» et qu’elle a le tiers du temps de plus que le autres élèves pour faire ses examens. Aurélie doit suivre quant à elle des cours privés dans une autre école durant la fin de semaine pour être certaine d’être au même niveau que les autres.
Les élèves ont parfois un plan d’intervention mis en place par les enseignants et la direction de l’école, ce qui est le cas de la jeune Chloé. Pour l’orthopédagogue Isabelle Tanguay qui travaille aussi au Prélude, «il devrait y avoir davantage de ressources pour les parents qui ne sont pas en mesure d’aider leurs enfants pour les devoirs et leçons».
Mme Boudreault confie que l’augmentation des élèves avec un handicap, une difficulté d’apprentissage ou d’adaptation lui apporte plus de travail comme «adapter les évaluations et les documents (format numérique, photocopies grand format)». Pour ce qui est des élèves en difficulté, elle croit qu’ils ressentent souvent «un sentiment d’incompétence» quand ils sont vis-à-vis des obstacles.
EXPLICATION DE L’AUGMENTATION
Mme Tanguay explique cette augmentation majeure par des professionnels qui sont «davantage formées et que le dépistage se fait de plus en plus jeune», dit-elle. «Les enseignants sont plus sensibles aux différentes problématiques et les références aux différents intervenants se font plus rapidement au primaire.» Elle maintient qu’il est impossible de prévenir ce types de problèmes, car les troubles d’apprentissage sont d’origine neurologique. Par contre, elle croit que les interventions sont faites plus tôt au niveau primaire.
«DANS UN MONDE IDÉAL»
Isabelle soutient que «dans un monde idéal, il faudrait davantage de ressources professionnelles dans les milieux scolaires». L’enseignante de français a la même vision des choses et qu’ils auraient «besoin de support supplémentaire (du temps, de l’argent, des services d‘orthopédagogie, des techniciennes en éducation spécialisée)».
À son avis, les enseignants n’ont pas assez de temps pour les aider, croit Chloé. Malgré les récupérations sur l’heure du dîner, ils ne peuvent pas passer devant les autres. Alors, tant du côté des enseignants, que des professionnels et que des élèves on souhaite avoir plus de soutient, de temps et d’argent.