Crise chez la relève agricole lanaudoise

Le nombre de fermes laitières dans Lanaudière a considérablement chuté au cours des dernières années, faute de relève.

Par Laurence Roberge | Arts, lettres et communication

La diminution de plus de 50% du nombre de fermes laitières de Lanaudière, selon une étude de 2015 de l’Institut de la Statistique du Québec, pourrait s’expliquer par la réticence des jeunes à prendre la relève. «C’est un choix de vie, pas juste un choix d’emploi», explique une étudiante en technique de Gestion et technologies agricoles, Christina Laurin-Forest, du Cégep de Joliette.

Un producteur de lait travaille minimalement 60 heures par semaine et à tout moment de la journée, selon le propriétaire de la ferme laitière L’Achigan, François Brien. La journée d’un producteur laitier peut commencer aussi tôt qu’à 5 h et se terminer après le coucher du soleil. M. Brien voit néanmoins son horaire chargé avec bonne humeur. «On se débrouille très bien avec la main-d’œuvre, mais c’est sûr que les congés sont plutôt assez rares», dit-il en riant.

M. Brien, propriétaire de la ferme laitière L’Achigan, pense déjà à sa relève, ses petits-enfants et ses jeunes vaches. (Photo: Laurence Roberge)François Brien, propriétaire de la ferme laitière L’Achigan, pense déjà à sa relève, ses petits-enfants et ses jeunes vaches. (Photo: Laurence Roberge)

ENDETTEMENT DANGEREUX

Le prix des terres lanaudoises explique aussi le manque de relève, car la région est dotée de terres de qualité. Leur prix fluctue en conséquence, même si les producteurs laitiers n’ont pas besoin d’une telle fertilité. Ils doivent en payer le plein prix, donc ils s’endettent dès l’achat de la ferme.

«Quand tu dépasses un endettement de 60% ou 70% de la valeur de l’entreprise, si les taux d’intérêt augmentent seulement d’un demi-pourcent, c’est déjà catastrophique», confie M. Brien. Il n’est donc pas rare de voir de jeunes agriculteurs crouler sous le poids de leurs dettes. Les successeurs sont conscients de ce risque, ce qui influence leurs choix.

La relève agricole se fait rare parce que la prise de décision à ce sujet est sans retour, croit Mme Laurin-Forest. Étant elle-même fille unique d’un producteur laitier, elle explique la lourdeur du choix auquel elle fait face. «Tu te dis: “Est-ce que je suis vraiment prêt à m’embarquer là-dedans?”» raconte-t-elle.

Les étudiants de son programme sont prêts à diriger une ferme dès l’obtention de leur diplôme, mais ils sont jeunes pour avoir de telles responsabilités. Cela explique leur hésitation.

IMPUISSANTS

M. Brien se désole de la baisse du nombre de fermes laitières dans sa région, car la situation est injuste. «Souvent, dans une crise comme ça, on ne perd pas juste les joueurs qui devraient s’en aller, on perd aussi les bons joueurs», déplore-t-il.

Le futur est incertain pour cette industrie, mais celui des fermes familiales est clair, selon le producteur. Il croit qu’elles auront de moins en moins leur place dans la production agricole, particulièrement dans celle du lait, ce qu’il trouve dommage.

 

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