Perturbations, problèmes d’accès aux terres et contamination. Voici ce qui pourrait arriver aux 700 producteurs agricoles de Lanaudière si le pipeline de TransCanada passait sur leurs terres.
Par Sarah Bélanger | Arts, lettres et communication

Les répercussions de ce projet sur les agriculteurs sont nombreuses et pourraient survenir dès la construction du pipeline, qui parcourra 6,9 km sur des terres agricoles de la région. Il pourrait y avoir des problèmes de drainage souterrain ou de surface, de compactage, de poussière et d’accès aux terres, d’après le coordonnateur en agroenvironnement de la Fédération des producteurs agricoles de Lanaudière (FUPAL), Charles Bergeron. Les animaux seraient perturbés en raison des bruits du dynamitage et des machines qui creusent.
Jocelyn Gagnon cultive du soya, du maïs et du blé depuis 40 ans et travaille à une ferme laitière de Terrebonne, où un pipeline passe déjà à proximité. Comme bien d’autres producteurs agricoles, il redoute la présence du pipeline de TransCanada. «Je ne veux pas qu’il passe sur ma propriété parce que ses risques sont très inquiétants», affirme l’agriculteur. «Sa construction aurait des conséquences monétaires et environnementales pour moi, s’inquiète-t-il. Ma terre perdrait de la valeur simplement par sa présence et on devrait enlever ma bonne terre pour le construire.»
Déversements inquiétants
«Le risque de déversement est ce qui inquiète le plus les agriculteurs», soutient le coordinateur en agroenvironnement, Charles Bergeron. Une telle crainte est tout à fait compréhensible, car les déversements minuscules pourraient passer sous le radar et les délais de réaction pourraient être trop longs.
Tous les agriculteurs dont le pipeline passerait chez eux risqueraient de faire face à différentes pertes financières en cas de déversement. Ceux qui cultivent des légumes seraient aux prises avec des pertes de profits parce que leurs terres seraient inutilisables dès qu’elles recèleraient des traces d’hydrocarbures. Les éleveurs seraient plutôt confrontés à des pertes de gain et de rendement, selon Charles Bergeron.
Si un déversement se produisait sur les terres d’un producteur agricole comme Jocelyn Gagnon, le sol serait pollué et les cultures seraient contaminées. «Je serais alors confronté à des pertes de revenus parce qu’il faudrait qu’on enlève toute ma bonne terre, vu qu’elle serait contaminée, et qu’on la dépose dans un site d’enfouissement», déclare le producteur agricole.
Même les animaux
Un déversement affecterait aussi les animaux des agriculteurs. Ils pourraient être malades ou mourir s’ils buvaient de l’eau qui contient des traces d’hydrocarbures ou s’ils mangeaient de l’herbe contaminée.
Le projet de TransCanada, dont l’objectif est d’acheminer du pétrole de l’Alberta et de la Saskatchewan jusqu’aux raffineries de l’est du Canada, sème la controverse au Québec. Plusieurs municipalités de la province s’y sont opposées jusqu’à présent, notamment Laval et Terrebonne, en raison des risques environnementaux et pour la santé publique. «À ce jour, la compagnie est loin d’avoir tout fait pour minimiser les impacts sur l’agriculture», croit M. Bergeron.