Qu’est-ce que l’inconnue? L’illustration d’une réponse a été mise en scène dans la pièce À cause du Soleil cet automne au théâtre Denise-Pelletier par Evelyne de la Chenelière, inspirée de l’œuvre d’Albert Camus, L’Étranger.
Par Mélody Fortin | Arts, lettres et communication
La pièce met en scène l’histoire de Medi (Mustapha Aramis), un Québécois d’origine algérienne en 2020, et celle du personnage de Meursault (Maxim Gaudette), en 1940, repris du roman L’Étranger d’Albert Camus. Ils sont tous deux fautifs de la mort d’un inconnu, mais ce n’est pas de leur faute.
Qui est donc le coupable? Ils vous diront que le soleil a tué l’Arabe et que la neige a tué la vieille dame. Les deux histoires accusent tour à tour leurs sens déstabilisés par ces deux éléments.
DÉFORMATION DE L’OEUVRE DE CAMUS
Evelyne De La Chenelière modifie des détails de L’étranger. L’Arabe (Sabri Attalah) fait une apparition sur scène pour se livrer à propos de son personnage bien qu’il ne possède toujours pas de nom. Celui qui était inconnu dans le livre devient un personnage développé sur scène.
L’œuvre ne présente pas la dame et le spectateur se demande pourquoi elle l’a fait pour l’Arabe. L’Étranger de Camus est construit sur la déshumanisation de ce personnage. Si l’effet voulu était de rendre l’inconnue personnelle, pourquoi la dame reste, elle, sans visage?
AMBIANCE LOURDE
Les acteurs ont beau bien performer, le jeu ne fait pas tout. La pièce est accompagnée d’une trame sonore complexe. Les sons aident à créer un environnement lourd pour les personnages. Il complète le travail des acteurs.
Les apparitions sonores sont conçues pour déstabiliser les sens des personnages de Medi et Meursault. Le son est donc utilisé à son meilleur par le metteur en scène Florent Siaud pour innocenter les rôles principaux de leur méfait et accuser leurs sens. La même chose pourrait être faite avec l’éclairage.
Ô Courant 