La désinformation circulant sur les réseaux sociaux atteint de façon importante la population québécoise. Elle «est une menace pour la démocratie», exprime le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Michael Nguyen.
Par Josée-Anne Bilodeau | Arts, lettres et communication
Une étude du Centre d’étude sur les médias montre que 53% des répondants consultent principalement l’information sur Internet. Bien que l’information se retrouvant sur les réseaux sociaux comporte autre chose que du contenu biaisé, les utilisateurs ne sont pas toujours capables de faire la différence. Une autre étude menée par l’Université de Stanford relève que 25% des jeunes d’une école secondaire ont été capable de différencier une fausse nouvelle d’une vraie. La propagation des fausses nouvelles se fait donc à grande vitesse.
Le professeur de journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Patrick White, explique qu’ «on a des études du MIT qui montrent, hors de tout doute, que les fausses nouvelles circulent plus vite que les vraies informations sur les réseaux sociaux. Plus il y a de commentaires, plus il y a de partages, plus un contenu va être visible par les internautes, et ça, ça peut être très problématique dans le cas des fausses nouvelles.»

FONCTIONNEMENT DES RÉSEAUX SOCIAUX
Les réseaux sociaux font leur argent grâce au contenu publicitaire diffusé sur leurs plateformes. «Environ 70% des recettes publicitaires au Canada sont accaparées par les géants du web», explique le professeur de journalisme à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Jean-Hugues Roy. L’algorithme, construit grâce à l’information consommée, montre un seul type d’information pour maintenir l’utilisateur sur la plateforme. «Le réseau social va créer cette espèce de réalité parallèle là où pour nous une seule vérité est présentée pour disons renforcer nos croyances plutôt que de nous exposer à différents points de vue parce que c’est ça son design», dit le journaliste pour Radio-Canada et expert en désinformation, Nicholas De Rosa.
Les utilisateurs font aussi partie du problème. Rares sont ceux vérifiant l’information qu’ils vont partager «dans la mesure où chacun, chacune d’entre nous avons un téléphone mobile entre les mains, on peut être des vecteurs de désinformation», dit Jean-Huges Roy.
La plupart omettent de lire en entier les articles qu’ils partagent. «On a pu voir également un sondage de l’Université Laval, réalisé il y a quelques années et qui m’avait jeté en bas de ma chaise, explique Michael Nguyen. Ça montrait qu’environ 30% des gens, quand ils lisent des articles judiciaires, se font une idée d’abord et avant tout en lisant les commentaires sous l’article, sous une publication Facebook.»

UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION
Des solutions s’offrent pour contrer la désinformation. Les experts s’entendent pour dire qu’une meilleure éducation aux médias devrait être faite dans les écoles ainsi qu’une sensibilisation auprès du public. «Il est temps que le fédéral passe des lois parce qu’on l’a remarqué, les géants du numérique ne vont pas prendre des actions qui leur feraient perdre des profits pour rien», dit Michael Nguyen.