Le texte ci-bas a été écrit par Hélène Déziel à l’occasion de sa participation au Prix BD des collégiens, qui en était à sa quatrième édition. Près d’une dizaine d’étudiantes et d’étudiants ont assisté aux quatre rencontres qui visaient à discuter du langage graphique des BD en lice, des sujets traités, des personnages, le tout dans une atmosphère toujours conviviale. Paul à la maison de Rabagliati est l’une des œuvres qui a été sélectionnée comme meilleur titre par quelques-uns des participants.
* * *
Paul à la Maison, roman graphique et autobiographique, est à la fois rafraichissant et lourd. Rabagliati présente la vie telle quelle est : difficile, parfois morose et dépressive, mais à la fois belle, fragile et empreinte d’ironie. La mort, la maladie, le divorce, la dépression, la solitude, thèmes centraux de ce roman graphique, sont présentés de manière non dramatique, mais juste tellement réaliste que c’en est presque cruel. C’est pour cela, entre autres, que j’ai préféré Paul à maison, car l’auteur ne cherche pas à nous mettre de la poudre aux yeux ; il est sobre et concis. Extrêmement intimiste, il se met à nu sans honte, sans tenter d’impressionner ; il est simplement authentique.

Malgré cette atmosphère dépressive de la BD, Rabagliati fait habilement ressortir l’humour et l’autodérision, ce qui vient en alléger la lecture. Son trait de crayon délicat a également quelque chose d’apaisant. Il est difficile de ne pas s’attacher au personnage de Paul qui est la fois fascinant, sympathique, drôle et même poétique. On plonge dans son univers de façon tellement intime qu’on a l’impression de l’avoir déjà personnellement connu. Quant à son environnement de vie, les Québécois, surtout les Montréalais, se reconnaissent automatiquement dans les décors extrêmement fidèles de la ville. Les rues, les magasins, les lieux, particulièrement Le Salon du livre à Montréal, sont tous reproduits de façon quasi identique avec un trait de dessin vif et clair. Il va jusqu’à détailler avec soin les produits du quotidien avec leurs étiquettes et leurs marques. Son grand souci du détail dans les images m’a d’ailleurs fort impressionnée dès le début.
Si on ne s’attarde qu’au scénario, Paul à la maison peut sembler une histoire simple, avec peu de rebondissements, mais c’est en fait très profond et ce récit contient un message d’espoir subtil et très touchant. Malgré tout le contexte peu réjouissant qui entoure la vie de Paul, étonnamment, on peut ressentir son calme tout au long de l’œuvre. Cela nous amène une perspective moins dramatique de la dépression, de la mort, de la maladie, qui font partie de notre réalité à tous. Paul souffre, inévitablement, mais il semble planer au-dessus de ses difficultés. En fait, je crois qu’il fait preuve de beaucoup de sérénité et d’une grande capacité de résilience. Qualités qui sont probablement dues à sa personnalité calme et un peu nonchalante. Son approche humoristique lui est certainement, aussi, d’une très grande aide. Ce qui est merveilleux, c’est qu’à la fin du livre, on sent que tout ira pour le mieux pour Paul et que l’espoir renait. Comme un nouveau commencement.