Le contenu commandité s’est rapidement imposé sur les réseaux sociaux et le nombre d’influenceurs ne cesse d’augmenter, mais il y a encore du chemin à faire en ce qui concerne l’encadrement des pratiques liées à cette nouvelle réalité.
Par Julianne Lamer | Arts, lettres et communication
Il est facile de comprendre l’engouement pour le marketing d’influence. Selon l’entreprise de gestion de la publicité en ligne WordStream, le marketing de contenu coûte 62% moins cher que le marketing traditionnel.
Un sondage fait par l’agence de marketing Collective Bias révèle que les consommateurs seraient dix fois plus portés à acheter un produit présenté par un influenceur que par une vedette.

ENCADREMENT ET ÉPARPILLEMENT
Une étude réalisée par la plateforme de gestion des relations influenceurs Traackr et l’agence de communication Track PR montre qu’en 2019, le contenu commandité utilisant des mots-clics tels que #ad et #pub a augmenté de 54%. Plusieurs règles et contraintes entourent la publicité sur Internet, mais certains problèmes s’observent.
«C’est sûr qu’il y a toujours place à l’amélioration parce que c’est un domaine quand même nouveau, mais c’est vraiment beaucoup plus strict qu’avant, dit la créatrice de contenu Catherine Francoeur, active depuis une dizaine d’années. Il y a aussi beaucoup plus d’influenceurs et de créateurs de contenu, donc c’est sûr qu’il y en a qui passent en-dessous de la loupe. Malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui a les mêmes éthiques de travail.»
Un tel essor du marketing d’influence n’est pas sans complication. «Un manque de transparence, on voit ça souvent, notamment par les influenceurs qui ont énormément d’abonnés», affirme l’influenceuse Raphaëlle Tousignant, qui fait ses débuts dans le milieu.
Il n’est pas rare que les créateurs de contenu se détachent de ce qui les représente initialement et prennent part à des partenariats qui ne les rejoignent pas toujours. «Ce que je trouve dommage, c’est que les influenceurs vont faire un éventail de promotions, dit Raphaëlle. Ils peuvent partager des produits par rapport à la malbouffe et après faire la promotion d’un plan d’entraînement ou d’une alimentation santé. Je pense que les compagnies devraient faire attention avec quel type d’influenceurs elles travaillent.»
Il y a réellement des changements à amener dans la façon de procéder de certaines marques et divers influenceurs. L’efficacité et la pertinence du marketing d’influence est en jeu si rien ne change.

IMPACT ET EXCÈS
L’ampleur de l’impact de cette forme de publicité auprès du public prouve bien la nécessité d’assurer un encadrement adéquat et rigoureux des partenariats et du contenu commandité. «Les publications commanditées prennent beaucoup de place dans mon quotidien et elles sont très présentes sur les réseaux sociaux, que je consulte très fréquemment», souligne l’étudiante au collégial en Sciences humaines, Josée-Anne Couture.
C’est le cas de la majorité des individus à l’ère du numérique. Consulter ses réseaux sociaux est une activité quotidienne qui peut avoir des conséquences. «Même inconsciemment, je pense que les publications commanditées sur les réseaux sociaux m’affectent toujours, explique Josée-Anne. Même si je n’ai pas besoin d’un produit qui m’est présenté, ça va me créer un besoin. Il est déjà arrivé que je me procure un produit qu’un influenceur avait partagé sur les réseaux.»
De plus, il ne faut pas oublier que les influenceurs sont très nombreux sur Internet. «Je trouve qu’il y a beaucoup trop d’influenceurs, constate la conseillère en communications et relations publiques à l’APCHQ, Émilie Hermitte. Il y a eu l’heure de gloire des influenceurs il y a quelques années et on est déjà en perte de vitesse.»
Dans le cadre de son emploi, Émilie met en ligne du contenu pour son organisation et travaille régulièrement avec les réseaux sociaux. Elle est donc en mesure de dire que «des fois, les règles à suivre sont un peu floues et, d’un média social à l’autre, il faut toujours s’informer. Ce n’est pas forcément évident.»
Quantité inégalée d’influenceurs, partenariats douteux et manque de transparence, le marketing d’influence se doit d’y voir.