Fugueuse, Épidémie, les Pays d’en haut sont quelques-unes des productions télévisuelles québécoises ont donné une place aux autochtones ces dernières années, mais encore de façon stéréotypée.
Par Mégane Rafferty-Juteau | Arts, lettres et communication
La grande majorité des productions cinématographique qui ne sont pas produites par des autochtones représentent de façon inexacte les réalités de ces peuples, donc accentue les stéréotypes visant cette communauté. Par exemple, dans la série Fugueuse, l’actrice Jemmy Echaquan Dubé joue le rôle d’une jeune prostituée monoparentale, un des stéréotypes des femmes autochtones très présents dans l’imaginaire collectif québécois.

MANQUE DE RESSOURCES
Une des causes principales de la sous-représentation des autochtones à l’écran, selon l’enseignant et réalisateur Denis Chouinard, est le manque de ressources afin de s’autoproduire. «Il faut que les outils et l’apprentissage de ces outils soient plus démocratiques», a-t-il affirmé. Quelques organismes sont à la portée des communautés comme le Wapikoni Mobile, mais, selon Denis Chouinard, les apprentissages doivent être plus intensifs.
Il y a tout de même une certaine avancée en ce qui concerne le financement des arts autochtones. En effet, le Conseil des Arts a offert 19 M$ aux communautés autochtones, entre 2019 et 2020. En contrepartie, un seul programme d’études dans tout le Québec offre une formation complète sur le cinéma autochtone: le Collège Kiuna. Elle est la seule organisation qui propose à de jeunes artistes autochtones ou anautochtones de connaître et comprendre la culture autochtone afin de mieux les représenter à l’écran.

L’AUTOPRODUCTION
Offrir les outils cinématographiques aux autochtones est la meilleure façon d’empêcher que des stéréotypes soient véhiculés. Ce qui est le plus souvent présenté est la prostitution, la drogue et les plumes, mais c’est loin de la réalité. «On représente seulement ce qu’on connaît», dit l’acteur Marco Collin.
L’histoire et les différentes cultures autochtones sont peu enseignées au Québec, donc les artistes anautochtones racontent ce qu’ils ont appris dans les autres productions télévisuelles ou cinématographiques: les stéréotypes. «Les personnes ont parfois tendance à croire tout ce qu’ils voient à la télévision. Dans le cas des communautés autochtones, c’est souvent mauvais et synonyme de racisme», confie une étudiante du Collège Kiuna.
MEILLEURE REPRÉSENTATION
L’autoproduction permet, entre autres, de se raconter en connaissance de cause, mais surtout permet d’offrir des rôles justes à la communauté. «Il est vraiment important que l’autochtone soit policier, non que le policier soit autochtone», explique l’acteur et producteur innu Marco Collin. Il est aussi important que les rôles autochtones soient offerts et joués par des personnes venant des Premières Nations.
«Maintenant, au Québec, on va faire plus attention grâce à cet événement-là et c’est une bonne chose», confie Daniel Brière à propos de l’affaire Robert Lepage. Cette controverse a provoqué l’annulation de la pièce SLĀV que Robert Lepage avait mis en scène avec des acteurs anautochtones pour raconter une partie de l’histoire de cette communauté.