Végane pour deux semaines

Je me suis lancé le défi d’arrêter de consommer tous produits de provenance animale pendant deux semaines. Comme je vis encore chez mes parents, je n’ai pas toujours cuisiné mes propres repas. Toutefois, ma mère, fanatique des légumes, a décidé d’embarquer dans le défi. Je ne l’ai pas trouvé si difficile dans les premiers jours. Je suis déjà végétarienne depuis plus d’un an, donc couper la viande n’était pas du tout un problème. Je ne bois également plus de lait de vache, je consomme du lait d’amandes. Je croyais alors bien m’en sortir.

Par Karianne Thibault

J’ai d’abord dû m’habituer à toujours regarder les ingrédients de tous les produits que je voulais acheter, ou que je possédais déjà chez moi. Plusieurs fois, j’ai dû me priver d’un produit parce qu’il contenait «des ingrédients du lait» ou bien du blanc d’œuf. Aujourd’hui, c’est extrêmement difficile de trouver des repas ou des collations préparés sans œuf, sans lait ou sans fromage.

Je suis allée dans un café et j’ai voulu dîner à cet endroit. Toutes les salades de pâtes contenaient de la mayonnaise ou du poulet, malgré leur vaste sélection. Même le burger «végé» contenait de la mayonnaise.

Ce qui m’a choqué, c’est la semi-transparence de certaines entreprises. J’ai voulu goûter une paella qui était servie dans une épicerie. Il y avait celle aux fruits de mer et celle au poulet, mais il y en avait une «végé». J’ai donc pris soin de demander au comptoir l’étiquette sur laquelle se trouvent les ingrédients. Il n’y avait pas d’œuf, pas de fromage, pas de lait et surtout aucune trace de ces ingrédients. Toutefois, j’ai été choquée de lire que la paella contenait du gras de poulet. C’était l’un des derniers ingrédients sur l’étiquette. Comment peut-on mettre le mot «végé» dans le titre du repas si on y ajoute du gras de poulet? Ce n’est ni végétarien ni végétalien!

PORTER LE JUGEMENT DES AUTRES

J’ai aussi fait le test du végétalisme dans un restaurant. Je suis sortie dans un restaurant pour déjeuner avec des amies. Le restaurant en question n’avait même pas de légende pour les plats végétariens ou végétaliens. Contrairement à plusieurs restaurants, le «V» en forme de feuille n’était présent nulle part dans le menu. J’ai feuilleté longtemps. J’ai trouvé un seul repas qui me semblait végétalien, soit un bol de quinoa avec des légumes, mais je voulais un déjeuner. Évidemment, je savais que je n’allais pas avoir un œufs, bacon, saucisses, patates.

J’ai alors trouvé un bol de smoothie aux baies avec du lait d’amandes. Celui-ci était accompagné d’un pain tartiné d’avocats et de tomates. Cependant, il y avait une tranche de cheddar et un oeuf sur celui-ci. Lorsqu’est venu le temps de commander, j’ai demandé s’il était possible de retirer le fromage et l’œuf. Ça me semblait pourtant simple, les aliments n’étaient pas collés à la tranche de pain. J’ai eu droit à un drôle de regard de la part de la serveuse. Elle m’a affirmé que, si je ne voulais pas l’œuf et le fromage par souci d’argent, ça ne me retirerait qu’un dollar sur ma facture. J’ai simplement dit que je ne voulais pas les consommer. Elle ne semblait pas trop comprendre la nature de ma demande, alors elle a demandé à mes deux amies si elles voulaient avoir ma tranche de fromage et mon œuf. Je n’ai pas trouvé ce qui était si compliqué, je ne voulais seulement pas avoir de fromage ou d’œuf dans mon assiette ni dans celle d’une de mes amies, un dollar en moins ou non.

Tous ne sont pas toujours de grand support. Ma mère, qui avait embarqué dans mon défi, est allée souper avec sa famille. Elle m’a alors raconté que plusieurs ont mentionné des commentaires négatifs vis-à-vis de ce régime végétalien. Certains ont même commenté qu’ils ne comprenaient pas pourquoi elle avait embarqué dans ce défi insignifiant. J’étais heureuse de ne pas avoir été présente lors de ce souper, considérant que je reçois déjà beaucoup de commentaires négatifs sur mon régime végétarien au quotidien.

FIN DU DÉFI

J’ai été soulagée lorsque ce défi a pris fin. Toutefois, j’ai réalisé plusieurs choses à la suite de ces deux semaines. J’ai beaucoup mieux mangé. J’ai mangé beaucoup plus de fruits et de légumes, et très peu de nourriture grasse. J’ai éliminé le chocolat au lait, les jujubes faits de gélatine, le gâteau, et plusieurs autres sucreries.

J’ai également beaucoup plus de respect envers ceux qui vivent de cette alimentation tous les jours. J’ai compris à quel point ça demandait de la volonté et de la patience. Devoir affronter les jugements de tous constamment est une tâche ardue. J’ai vécu ce mode de vie pour un petit deux semaines et j’ai affronté largement plus de commentaires négatifs que j’en reçois normalement.

Au Canada, plus de 3 millions de personnes sont végétariennes ou végétaliennes, selon une étude de l’Université Dalhousie. Cette communauté représente alors près de 10% de la population canadienne. Celle-ci est grandissante. De plus, plusieurs études recommandent de manger plus de protéines végétales, et très peu recommandent la protéine animale.

Nonobstant la difficulté du défi, pour ma santé, pour l’environnement, pour les animaux et pour plusieurs autres raisons, j’essaie désormais d’opter pour les options végétaliennes lorsque j’ai ce choix. Je ne suis pas prête à me plonger à fond dans cette alimentation pour l’instant, mais j’y songerai peut-être dans quelques années.

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