La 6e édition de la Semaine de la philosophie du Cégep à Terrebonne aura lieu du 5 au 9 novembre 2018 sous le thème de Mai 68 : l’imagination au pouvoir. Pour s’inscrire aux activités, c’est ICI. Voici la programmation.
Lundi 12h15 (Café étudiant) Mai 68 au Japon : luttes politiques et mouvements sociaux, Suzanne Beth, PhD. McGill, spécialiste du cinéma japonais, auteur du livre L’impuissance au cinéma. Une étude des films d’Ozu, Presses de l’Université de Strasbourg. Résumé : La décennie des années 1960, au Japon, a été marquée par des luttes politiques exceptionnellement actives. Inséparable des circonstances singulières de l’après-guerre japonais, elles visent aussi bien l’impérialisme américain en Asie (guerre du Viêt-Nam) que l’emprise grandissante du capitalisme sur la vie quotidienne. Cette conférence présentera la singularité de ce moment fort de l’histoire du Japon et ses points communs avec les autres mouvements regroupés sous l’appellation Mai 68.
Lundi 19h (Café étudiant) : Nos racines psychédéliques : l’héritage de la contre-culture québécoise, Marc-André Brouillard, critique de cinéma et auteur du livre : Nos racines psychédéliques. L’héritage électrisant de la génération Mainmise, qui vient de paraître aux éditions Guy Saint-Jean. Résumé : La revue Mainmise qui a été le principal médium québécois de l’underground californien et de la génération du Peace & Love a été lancée en pleine crise d’Octobre 1970. Pendant près d’une décennie, ses collaborateurs ont propagé l’idée d’une société alternative au consumérisme capitaliste. Ses thèmes de prédilection : la musique rock, la B.D., les drogues psychédéliques, les communes, le retour à la nature, le végétarisme, la sexualité «ouverte», la spiritualité orientale, l’ésotérisme… Certains des rêves utopiques de la génération Mainmise sont devenus réalité : l’écologie, le communautarisme voire la légalisation du Pot…
Mardi 12h15 (Salle Desjardins) Mai 68 et Printemps Érable : Une contestation par l’art en rupture ou en continuité? Ève Lamoureux, sociologue de l’art, U.Q.À.M, auteur du livre : Art et politique, Éditions Écosociété. Résumé : Cette conférence entend explorer les conceptions de l’art militant mobilisées par les acteurs et actrices de Mai 68, de même que celles mises en œuvre lors du Printemps Érable, soit la grève étudiante et la mobilisation citoyenne qui l’a accompagnée au Québec en 2012. Quel rôle contestataire joue l’art en période d’agitation sociale? Comment et à quelles fins les pratiques artistiques se déploient-elles? Quelles formes revêtent-elles? Quels sont leurs forces et leurs enjeux? Quelle valeur ajoutée ont ces stratégies particulières par rapport à des formes de mobilisations politiques plus classiques? Ces questions seront explorées en mettant en parallèle deux moments charnières de mobilisation sociale au moyen de l’art et en réfléchissant sur les éléments de continuité et de rupture.
Mercredi 12h15 (Café étudiant) Un monde en perte d’imagination : il est où le bonheur? Jean-Philippe Warren, sociologue, Concordia, auteur des livres : Ils voulaient changer le monde : le militantisme marxiste-léniniste au Québec, VLB et Une douce anarchie : les années 68 au Québec, Boréal. Résumé : En 2016, Christophe Maé chantait « Il est où le bonheur? » On peut en effet se poser la question maintenant que tout semble à porter de doigt sur le Net et que pourtant nos vies ne semblent pas plus satisfaites qu’autrefois. Que s’est-il passé pour que nous en arrivions là? En revenant aux grandes utopies modernes (Huxley, Orwell), notre conférence propose de lire les phénomènes actuels comme la réalisation d’une vaste aspiration collective et personnelle. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle qui promet de laisser chacun être « qui il est ». Nous pouvons enfin être « qui nous sommes » au-delà des attentes de la société plus large, voire de la biologie, de la génétique. C’est un beau rêve : mais ce rêve n’a-t-il pas sa part de cauchemar?
Mercredi 15h (Salle Desjardins) Mai 68, la démocratisation de l’éducation et les cégeps… Joëlle Tremblay, philosophe, Cégep de Granby, auteur du livre : L’inéducation. L’industrialisation du système d’éducation au Québec, Éditions Somme toute. Résumé : Lorsque nous observons les évènements de Mai 68 à travers le prisme de la nostalgie, nous avons tendance à n’y voir que l’évènement et non les mouvements qui ont permis son émergence. En parallèle, nous avons un regard symétrique au sujet des mouvements de grève qui ont eu lieu au même moment au Québec. Or, les Cégeps venaient de fêter leur premier anniversaire et le ministère de l’Éducation n’avait pas encore 10 ans. Cette situation québécoise bien particulière pose problème : qu’avions-nous à revendiquer quant au nouveau système d’éducation? Y a-t-il eu des changements en profondeur? En comparaison, qu’en est-il dans le système français? Et pour terminer, quelles conclusions pouvons-nous tirer de cette analyse de ce mouvement qu’est Mai 68 pour l’avenir de nos Cégeps? Toutes ces questions nous permettront de revenir sur les notions au cœur de l’acte d’éduquer, soit entre autres, la culture, l’autonomie et la pensée critique.
Jeudi 12h15 (Café étudiant) De Mai 68 au Printemps érable : table-ronde des ex-leaders étudiants de la grève de 2012. La grève générale des étudiants a rapidement dépassé la question de la hausse des frais de scolarité pour déboucher sur une remise en cause de la légitimité du gouvernement en place et d’un vaste débat de société touchant l’ensemble de la population du Québec. L’événement a reçu une importante couverture médiatique internationale. On y a perçu la résurgence de l’esprit de Mai 68… Olivier Roy, professeur de philosophie au Cégep de Terrebonne et militant actif du mouvement du Printemps érable s’entretiendra avec d’ex-leaders étudiants de l’époque, qui ont tous en commun d’œuvrer aujourd’hui dans le domaine de la politique.
Vendredi 12h à 14h (Café étudiant) Cinéma, programme double : La Chinoise (1967) de Jean-Luc Godard : un film prophétique anticipant Mai 68 Résumé : Dans un appartement parisien, où les murs sont recouverts de petits livres rouges du président Mao, un groupe de jeunes étudie la pensée marxiste-léniniste. Véronique, la tête pensante du groupe, est étudiante en philosophie. Pour elle, les problèmes existentiels se posent en termes d’action. Elle propose donc aux membres du groupe d’assassiner une haute personnalité de passage à Paris. En mettant son projet à exécution, elle se rend compte qu’elle n’a fait que les premiers pas d’une longue marche.
Vendredi 14h à 16h Le redoutable (2017) de Michel Hazanavicius : Paris 1967. Jean-Luc Godard, le cinéaste le plus en vue de sa génération, tourne La Chinoise avec la femme qu’il aime, Anne Wiazemsky, de 20 ans sa cadette, étudiante à Nanterre, où débuta Mai 68. Ils sont heureux, amoureux, séduisants, ils se marient. Mais la réception négative du film à sa sortie déclencha chez Godard une remise en question profonde. Mai 68 va amplifier le processus, et la crise que traverse Jean-Luc va le transformer profondément passant de cinéaste star en artiste maoïste hors système aussi incompris qu’incompréhensible.
- En continu à tous les jours de 15h à 18h à la salle Holodec, local B-216 : les archives de Mai 68 et du Printemps érable dans un environnement multimédia. Durée : 30 minutes.
- Exposition d’affiches de Mai 68 dans le hall d’entrée face à la bibliothèque.