En octobre 2017, nous apprenons des allégations à propos de Gilbert Rozon, propriétaire de Juste pour rire: il serait responsable d’agressions sexuelles à l’égard de plusieurs femmes. Onde de choc, même l’existence de sa compagnie devient incertaine.
Pierre-Olivier Pearson
Parfois les plus grands ne sont pas nécessairement les gens les plus humbles ni les plus transparents ni les plus honnêtes. Parfois, ce qui est difficile de s’avouer, c’est que nos joyaux nationaux ne sont qu’en fait qu’une charade, qu’un mirage et, qu’au final, les représentants de ceux-ci nous aveuglent avec un spectacle des plus grandioses. Ces mots-là, nous pourrions les appliquer à plusieurs personnes, organismes et événements de notre histoire, mais aujourd’hui, c’est probablement le cas de Juste pour rire qui m’intéresse le plus.
MARTIN PETIT À LA RESCOUSSE
C’est Martin Petit, le premier, qui a eu l’idée de fonder, à l’aide de confrères humoristes, une coopérative des humoristes pour créer un gala et des événements humoristiques. Le concept étant celui de la coopérative, il n’y a plus cet effet pyramide où une minorité empoche la majorité des revenus. Tout sera redistribué équitablement et proportionnellement, selon M. Petit.
Personnellement, j’adore le concept et je trouve que c’est une solution brillante pour notre société québécoise; une idée qui a pour but de démocratiser encore plus les nouveaux humoristes (donc la relève) et d’élever à un autre niveau l’humour. Je crois qu’on peut dire que si l’on nationalise l’humour, c’est un autre pas en direction de la culture étatisée: une notion qui enrichit grandement l’art et a un impact à long terme sur l’économie québécoise.
LE SCHISME
Nous vivons présentement un schisme de l’humour et idéologique par rapport à l’art et ce sont les humoristes qui viennent le présenter en avant-scène. En fait, Martin Petit dit qu’il ne veut plus que ce soit simplement une poignée de personnes qui en bénéficie, mais, en plus, il veut donner la chance à davantage d’humoristes de se démarquer et de prouver leur valeur. En somme, leur concept ressemble beaucoup à du socialisme et s’éloigne du concept de capitalisme: c’est comme si la compagnie privée qu’était Juste pour rire faisait compétition à une nouvelle société d’état/coopérative sociale.
Bref, l’idée fait quasiment l’unanimité chez les humoristes et nous pourrions voir, d’ici quelques mois, la chute de Juste de pour rire; une compagnie qui, bien qu’elle ait eu un beau parcours, laissera place à une coalition d’humoristes.