Pour la semaine des Premières Nations, notre cégep a organisé des activités afin de nous faire découvrir la culture autochtone. Mardi le 21 février, le rappeur Québécois-Algonquin Samian est venu faire une conférence interactive au café étudiant et j’ai eu la chance de l’interviewer concernant sa carrière ainsi que ses passions.
Par Jennyfer Poirier
Samian (Samuel Tremblay de son vrai nom) est un Québécois né à Amos faisant partie de la Première Nation Abitibiwinni. Il a fait quelques passages cinématographiques durant sa carrière artistique, mais il est principalement rappeur et ses textes sont écrits autant en français qu’en algonquin. Ayant un père Québécois et une mère Amérindienne, il a eu une vie plutôt difficile concernant ses origines. Sur la réserve, «[il se] faisait battre parce qu’[il] est blanc et, en ville, c’était parce qu’[il] était amérindien».
Sa carrière a débuté en 2004 avec les productions 7e Ciel Records et, aujourd’hui, il a trois albums de textes recherchés et émouvants à son actif. Un quatrième album (Le Messager) est en cours de production, mais ce ne sont pas toutes les chansons qui sont disponibles, étant donné un conflit avec sa maison de production.
1er album : Face à soi-même
2e album : Face à la musique
3e album : Enfant de la Terre
Extraits de l’album Le Messager : L’itinérant, Last hour
«CE NE SONT QUE LES POISSONS MORTS QUI SUIVENT LE COURANT.»
Q: En 2004, tu as participé au projet cinématographique de Wapikoni Mobile et c’est un peu ce qui t’a fait connaître. Peux-tu nous parler de ton expérience?
R: C’est une expérience qui m’a littéralement sauvé la vie. Wapikoni Mobile est arrivé dans une période de ma vie extrêmement difficile pour moi et j’ai l’impression qu’il y a eu un avant et un après Wapikoni. Ç’a aussi été ma naissance artistique, si je peux dire ça comme ça.
Q: Au début, tu as commencé ta carrière au Québec et, maintenant, tu es à l’échelle nationale. Comment décrirais-tu ce phénomène? As-tu travaillé pour ça ou c’est arrivé sur un coup de chance?
R: J’ai jamais travaillé… (rires) Je pense que je suis vraiment béni de tout ce qui m’arrive, j’ai juste rencontré les bonnes personnes au bon moment. Mais, n’importe quoi que ce soit, je le remets dans les mains de Dieu, que ce soit la musique, le cinéma, la photographie… À chaque projet, je m’abandonne totalement, je ne m’accroche à rien et je laisse ça entre les mains de Dieu. [De toute façon], il y a tout le temps quelqu’un sur ton chemin quelque part qui va t’aider, te guider, t’emmener sur la bonne voie.
Q: La photographie est très importante dans ta vie et toutes tes photos sont en noir et blanc. Peux-tu nous expliquer pourquoi et d’où vient cette passion?
R: Quand j’avais six ou sept ans, je suis tombé sur une vieille boîte à chaussures remplie de photos que mon père avait prises quand il est allé vivre dans l’Ouest Canadien. Puis, quand je suis tombé sur cette boîte là, toutes les photos étaient en argentiques, en noir et blanc, et je me souviens, avec mon œil d’enfant, que je me suis imaginé toutes les couleurs possibles. Et aujourd’hui, je fais de la photo sociale, humaine, très axée sur le portrait, et cette image de boîte à photos-là m’a marquée, […] et je ne retouche pas mes photos, mais je vais toujours leur ajouter un peu de grain, un peu de contraste, alors je trouve que c’est un classique de travailler en noir et blanc à cause de cette boîte.
Q: Les paroles de tes chansons sont très touchantes, très recherchées et on comprend facilement que tu as un message à faire passer. D’où te vient l’inspiration lorsque tu écris?
R: Le silence. C’est le silence. Il n’y a pas d’autres choses qui peuvent inspirer quelqu’un, parler à quelqu’un. Je pense que les plus beaux textes qui sont écrits ont été faits dans le silence.
Samian est un artiste de talent qui mérite d’être entendu. Ses textes sont évocateurs, vrais, recherchés, et surtout, ils viennent de l’âme.
***PSST!***
Allez jeter un coup d’œil aux photos de son exposition Enfants de la Terre.
Photo et vidéo : Jennyfer Poirier.