Culture Lanaudière doit se serrer la ceinture avec 30 000 $ en moins dans leur budget 2015 à la suite des compressions budgétaires au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) en juin.
L’impact est notamment la réduction des salaires et la mise à pied d’un employé. «[Il faut] être capable de faire 1000 fois plus avec 100 fois moins», illustre la directrice générale de l’organisme, Andrée Saint-Georges.
Les compressions n’ont pas leur place dans un domaine déjà sous financé par le gouvernement, selon le directeur de Diversité artistique Montréal (DAM), Jérôme Pruneau. «On coupe même là où il n’y a pas d’argent.» Il est déçu de voir que le discours sur la créativité et la diversité de Montréal n’est pas suivi d’actes financiers.
La culture en région a un impact économique sous-estimé par le gouvernement, selon Jérôme Pruneau. «La culture rapporte de l’argent dit-il. Il faut arrêter de penser que [c’est une] dépense.»
Le mandat des conseils régionaux est de favoriser une plus grande participation des citoyens à la vie culturelle. «Ils permettent l’enrichissement et la découverte personnelle des gens qui n’ont pas les outils [pour le faire].»
Auteur, compositeur, interprète et illustrateur de Lanaudière, Mathieu Bellemare partage son point de vue. «Ils coupent dans le Conseil des arts et des lettres […] comme si ça ne créait pas de travail, dit-il. C’est totalement faux.»

Les artistes «meurent de faim»
Les plus touchés par cette nouvelle sont les artistes. Lanaudière en compte des milliers, selon Mme Saint-Georges. La réduction d’un budget comme celui du CALQ a un impact sur l’aide à la création, les possibilités de création et de diffusion ainsi que sur le support aux artistes par les organismes culturels de leur région.
Des compressions dans les volets de production et de diffusion affectent aussi directement les artistes. «Qu’il y ait moins de budget est préoccupant, car il y a moins d’accès [dans le domaine des arts visuels, par exemple]», déclare la directrice générale de Culture Lanaudière.
Le salaire annuel des artistes professionnels varie de 10 000 $ à 15 000 $ par année, alors que le seuil de pauvreté au Canada est de 20 000 $. Ils «meurent de faim», selon l’artiste Mathieu Bellemare. Ils perdent aussi leur potentiel créateur et ne peuvent plus «se dédier à ce à quoi ils sont bons», remarque-t-il.
Gagnant du Prix Innovation par le Grand Prix de la Culture Desjardins en 2012 et du prix Œuvre de l’année en région par le CALQ en 2015, il est reconnaissant envers sa région. «Elle m’a permis de faire rayonner [mon projet et] m’a permis d’avoir une crédibilité, malgré que j’étais [un artiste] indépendant.»
Et après?
Culture Lanaudière a établi un plan pour équiliber son budget qui sera présenté en février. Leur mission reste celle du support et de la professionnalisation des artistes dans Lanaudière. M. Bellemare, lui, pense qu’il serait important de trouver de nouvelles voies de création pour aider les artistes à la diffusion de leurs œuvres.
Le domaine de la culture représente moins de 1 % du budget du gouvernement. L’importance de la culture semble peut-être sous-estimée en lisant ce chiffre, mais sa place est bien ancrée dans Lanaudière.
QUESTIONS-RÉPONSES : Les non-dits
Marjorie Forget: En tant qu’artiste, comment considérez-vous la perte de 2,5 M$?
Mathieu Bellemare: Ce n’est pas couper au bon endroit dans la société. En ce sens, nous faisons tous partie d’un projet commun. La culture en fait partie et c’est essentiellement ce qui nous regroupe. Couper dans le domaine de la culture revient à taper sur quelqu’un qui est déjà par terre.