Nombreux sont ceux qui ont la critique facile lorsque l’on en vient à discuter du système d’éducation. Celui-ci est peut-être truffé de défauts, quelquefois d’incohérences, mais il n’est pas détestable. Même si on lui projette une mauvaise image publique, je considère qu’il mérite mes louanges, les voici.
Par Félix Ouellet
Vous l’aurez compris, c’est un éditorial que je vous sert cette semaine. Il se veut un peu casseur, je l’avoue, il brise avec le consensus médiatique qui s’installe lorsque l’on parle d’éducation. Je l’ai annoncé plus haut, le système d’éducation est loin d’être parfait. Toujours est-il, il ne mérite pas qu’on s’acharne sur lui.
Il est juste de critiquer le contenu des cours, le cursus en lui-même, l’état de nos écoles, la qualité de notre enseignement. J’en conviens, la critique est nécessaire. Elle permet de corriger les aspects faisant défaut, donner une voix à une population qui, après tout, finance ce même système! Je crois cependant que nous sommes injustes envers celui-ci.
Le système d’éducation a été, reste et sera notre plus grand levier de mobilité sociale. C’est grâce à lui si, peu importe notre situation de départ, une chance nous est donnée. Il n’en fut pas toujours ainsi, loin de là.
Je suis issu d’une famille de la classe moyenne québécoise comme la plupart de mes camarades de classe. Nous sommes nés en banlieue, avons été au primaire dans des écoles se ressemblant toutes, certains d’entre nous ont été à l’école privée, d’autres au public, certains dans des programmes particuliers, d’autres au régulier. Maintenant que le CHOIX a été fait, nous sommes réunis dans une école de formation professionnelle ou un cégep, en majorité. Voilà, ça nous semble anodin, ce ne l’est pas.
AVANT LE CÉGEP
Lorsque mes grands-parents avaient mon âge, le cégep n’existait pas. Les postes ouverts aux francophones étaient restreints et le choix de carrière de «l’élite» francophone se divisait en deux catégories: la profession libérale (médecins, avocats, notaires) et le clergé (nos bons curés d’antan). Qu’en est-il aujourd’hui? Destruction complète du paradigme. Nous pouvons convoiter les postes les plus élevés, choisir la carrière qui nous intéresse vraiment. Et pourtant les cégeps n’existent que depuis 50 ans.
Le plus beau dans tout ça, le prix. 150 dollars par session, environ. Outre les social-démocraties de par le monde. Je vous mets au défi de trouver un système d’éducation aussi démocratique.
Voyez-vous, il est plaisant de critiquer, je le fais sur une base régulière. Mais parfois, une touche de positivisme ne fait pas de tort. Les cégeps sont une des réalisations les plus considérables de la Révolution tranquille. Ils sont, je me répète ici, un levier de mobilité sociale considérable. Le même principe s’étend aux universités. La qualité pour le prix est dérisoire, parlez-en à nos voisins du Sud…
50 ANS, ÇA SE FÊTE
En cette année de célébration du cinquantième anniversaire de la création des cégeps qui s’achève, prenons deux minutes pour trouver un peu de lumière dans la grisaille habituelle. Disons-nous merci de s’être dotées d’un système d’éducation aussi fantastique. Un.
Deux, rappelons-nous des générations qui, avant nous, n’ont pas eu la chance de bénéficier de ce système et, plus largement, d’une éducation de qualité. Voyons-les comme des personnes n’ayant pas eu la chance que nous avons aujourd’hui, tâchons de nous en souvenir.
Voilà. Je continuerai à m’opposer à ses détracteurs.
Bonne fête et longue vie, cégep.
Un ami,
Félix