La bibliothèque publique en constante évolution

Marcel Lajeunesse a débuté l’enseignement en 1970 à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal. Après 36 ans dont neuf ans à titre de directeur, il continue à observer l’évolution des bibliothèques publiques et publie fréquemment des articles sur le sujet.

Par Étienne Bonenfant | Arts, lettres et communication

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Marcel Lajeunesse est retraité de l’enseignement depuis 10 ans, mais sa passion pour les bibliothèques publiques l’anime toujours autant.

Qu’est-ce qui explique que les gens ont envie d’aller à la bibliothèque?

Si vous donnez un service de qualité et une politique d’accessibilité qui permet de trouver quelque chose d’important pour la clientèle, que ce soit pour l’information, un loisir ou de la lecture, les gens répondent fortement. L’exemple de la Grande bibliothèque de Montréal le prouve. On a battu toutes les prévisions. Au centre d’une ville, la bibliothèque fait maintenant partie des édifices importants, peut-être comme l’église l’était autrefois. Elle devient un élément important de la vie communautaire. Même s’il est possible de recueillir beaucoup d’informations sur Internet, l’accessibilité au lieu reste importante.

Pour quelles raisons les bibliothèques publiques sont-elles intéressantes pour une population?

Les bibliothèques sont un service municipal. Elles ont été créées pour des raisons d’information, de culture ou de loisir. Ce sont des créatures assez récentes au Québec et elles deviennent de plus en plus, pour les villes, un centre culturel. Même si certains croyaient que les bibliothèques publiques servaient à ceux n’ayant pas les moyens d’acheter des livres, les bibliothèques ne sont pas des cadeaux faits à ceux qui ne peuvent se permettre d’aller à la librairie. Elles s’additionnent aux autres moyens de communication. Ce n’est pas parce que les gens écoutent la télévision qu’ils ne liront pas, tout comme la bibliothèque avec les librairies.

De quoi croyez-vous que les bibliothèques auraient besoin pour s’assurer le meilleur avenir possible?

Je pense essentiellement qu’elles ont besoin de l’appui de la population. Souvent, l’intérêt de la population amène les municipalités à mieux financer et à s’intéresser aux bibliothèques. Elles hésitent de moins en moins à le faire parce qu’elles sentent que la population les fréquente et que les gens y tiennent. Il y a aussi une culture des bibliothèques publiques qui les aide. Il y a 50 ans, on n’avait connu que les faméliques bibliothèques paroissiales dans les sous-sol d’églises avec les vieilles dames qui les ouvraient trois heures par semaine. Personne ne savait ce que c’était. Il y avait de la censure mur à mur. Maintenant, elles sont plus présentes. Les dernières études montrent d’ailleurs que les municipalités du Québec accordent autour de 45% du budget culturel aux bibliothèques publiques.

Sentez-vous que les bibliothèques ont un désir de changement pour s’adapter aux nouvelles réalités?

Elles sont forcées de s’adapter, sinon elles ne seraient pas intégrées dans la vie des gens. Souvent, elles ont des secteurs informatiques et des cours d’initiation. L’accès est plus facile qu’autrefois. Les vieilles bibliothécaires avec un chignon sont dépassées depuis fort longtemps. Le bibliothécaire est aussi devenu un communicateur. Il doit intégrer la bibliothèque à sa communauté. Je pense que de plus en plus les bibliothèques devront avoir des collections hybrides, à la fois numérique et imprimée. La bibliothèque qui n’aurait que des collections imprimées serait dépassée à mon avis, mais le livre a toujours sa place. La bibliothèque doit plutôt couvrir beaucoup de secteurs en touchant à plusieurs moyens de communication.

Quels rôles jouent les programmes de l’École de bibliothéconomie dans le bon développement des bibliothèques publiques au Québec?

Cette école était plus traditionnelle à ses débuts, mais elle a beaucoup changé. Elle a ajouté les sciences de l’information à son programme, donc elle s’occupe maintenant de tous les secteurs des communications et elle tend à les intégrer aux bibliothèques. L’école fait beaucoup d’adaptation de programmes selon la situation québécoise. La population a besoin de bibliothécaires pour les bibliothèques scolaires, spécialisées ou publiques, mais au Québec, on donne une formation plus générale, permettant de s’adapter à tous les types de bibliothèques. Les bibliothèques publiques ont procuré beaucoup d’emplois à nos jeunes diplômés. Le bibliothécaire est avant tout un communicateur.

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